UNE FOIS ENCORE, l’effet de communication a été préféré à la cohérence du projet. La nomination de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture a d’abord permis au bénéficiaire d’afficher son indépendance en annonçant lui-même et un jour avant tout le monde la promotion dont il fait l’objet. Un Mitterrand dans le gouvernement de Sarkozy, voilà un effet d’annonce sans précédent. Mais un effet d’annonce uniquement qui s’estompera vite quand M. Mitterrand sera aux affaires.
Éloge de Mme Albanel.
Ce n’est pas que le neveu du président défunt n’ait pas les compétences requises ; mais on ne voit pas pourquoi Christine Albanel a quitté son poste. Le chef de l’État la trouvait peut-être un peu gauche dans son rôle de ministre, il lui reproche le cafouillage autour de la loi Hadopi, mais il est tout simplement insensé que, dans ce monde de brutes, la délicatesse, la modestie ou même la timidité ne soient plus considérées comme des vertus mais comme d’impardonnables faiblesses. Mme Albanel, souvent court-circuitée par son président, par exemple à propos de la suppression partielle de la publicité sur les chaînes de télévision publiques, a eu assez de loyauté et de courage pour défendre tous les projets de M. Sarkozy, même ceux dont il ne prenait même pas la peine de l’informer. Et, bien entendu, c’est elle, aujourd’hui, qui paie les pots cassés, au profit d’un homme sûr de lui-même et de son nom, convaincu qu’il est fait pour le rôle qu’on lui accorde, mais qui devra bien, à son tour, se mouler dans le sarkozysme et courir après des décisions qu’il n’aura pas préparées. Nous regretterons le sourire poli de Mme Albanel et nous croyons que, face aux questions agressives des journalistes, elle n’était pas très loin de faire, à propos de la technique de l’interview et d’un pouvoir qui broie ceux qu’il utilise, le commentaire vachard auquel ne l’autorisait pas son éducation.
Quant au reste, ou plutôt au principal, Brice Hortefeux passe à l’Intérieur qui est à la fois sa tasse de thé et un bon poste pour attendre sa nomination ultérieure à la tête du gouvernement ; il est bon que M. Sarkozy ait mis la prudente et rationnelle Michèle Alliot-Marie à la Justice où elle devra réparer les profonds dommages (psychologiques) causés par Rachida Dati ; que l’arrivée de Michel Mercier, sénateur, comme ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, ne surprend personne mais qu’elle porte un nouveau coup à François Bayrou, déjà bien affaibli par les élections européennes ; qu’on a donné à Christian Estrosi, à l’Industrie, et à Pierre Lellouche, aux Affaires européennes, ce qu’ils désiraient ; qu’on a fait une très mauvaise manière à Rama Yade en supprimant le secrétariat d’État aux Droits de l’homme (ce qui en dit long sur la Realpolitik mise en place par le président) et en lui donnant les Sports, qu’elle auraît dû refuser ; que Xavier Darcos, lessivé par la crise de l’Éducation nationale rempile pour une tâche encore plus dure au ministère du Travail.
Il nous semble qu’au final l’ouverture se rétrécit et que la rupture disparaît. M. Sarkozy se chargera, s’il le faut, de mettre en place, au moment qui lui conviendra, les mesures drastiques que la récession exige. Mais, pour le moment, il souhaite surtout gagner deux ou trois régions lors des élections régionales de 2010 et il saura présenter ce maigre gain éventuel (et pas du tout assuré) comme un succès. D’aucuns disent que la vraie nouvelle est que François Fillon reste Premier ministre et qu’il pourrait demeurer à son poste encore trois ans. Pourtant, quand on connaît la connivence entre M. Sarkozy et M. Hortefeux, on a tendance à croire que, après les régionales et surtout si elles sont un échec pour la droite, le nouveau ministre de l’Intérieur prendra la tête du gouvernement. M. Fillon aura donc été Premier ministre pendant trois ans, ce qui est plus qu’on l’imaginait quand on mesurait ce qui, au début du quinquennat, le séparait du chef de l’État, mais qui correspondra alors à la durée moyenne d’un chef de gouvernement de la Ve République.
Le pack Lagarde-Wrth.
Quand on évalue le contenu de cette folle semaine, on s’aperçoit que Nicolas Sarkozy s’est livré à une analyse de la situation de la France lundi dernier au congrès de Versailles. Il s’agissait d’un message sur l’état du pays, semblable à celui du président des États-Unis au début de chaque année. Néanmoins, le chef de l’État ne nous a pas dit comment il compte sortir la France de l’ornière, sinon en effectuant un emprunt. Sa sélection de ministres n’est pas non plus en rupture par rapport à l’ancien gouvernement, d’autant que l’équipe économique, avec Christine Lagarde et Éric Wrth, ne change pas. Leurs compétences ne sont pas en cause. La question porte sur des déficits et une dette claironnée presque tous les jours par M. Wrth, qui n’a pas pour autant reçu des instructions pour commencer à les réduire. Ce nouveau gouvernement (dont l’absent le plus illustre est Alain Juppé) aura pour tâche essentielle d’assurer le succès de la majorité présidentielle lors des prochaines échéances électorales alors que la crise exige qu’il prenne avant tout des mesures de redressement économique.
UN ÉQUIPE POUR GAGNER LES PROCHAINES ÉLECTIONS
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