Le virus se propage dans la population par contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec des liquides corporels de personnes infectées, ou par contacts indirects avec des environnements contamines par ces liquides ou sécrétions biologiques. Mais avec l’intensification de l’épidémie, le virus pourrait-il muter et devenir transmissible par voie aérienne ?
La semaine dernière, dans une lettre au New York Times*, le Dr Michael Osterholm, directeur du Centre de Recherche en Maladies Infectieuses de l’Université du Minnesota, sonnait le tocsin. « Si certaines mutations survenaient, cela signifierait que le simple fait de respirer pourrait faire courir le risque de contracter l’Ebola. L’infection pourrait se disséminer rapidement dans toutes les régions du monde ». Et d’ajouter « Pourquoi les fonctionnaires ont-ils peur d’en parler ? … le risque est réel, et tant qu’il ne sera pas envisagé, le monde ne sera pas préparé à faire le nécessaire pour stopper l’épidémie ».
Sur les medias et sur les blogs
Une alerte reprise dans les médias et sur les blogs. De nombreux experts ont cependant nuancé cette crainte.
Bien qu’en théorie il soit possible que l’Ebola puisse devenir aéroporté, « cela est peu vraisemblable, a déclaré le Dr Amesh Adalja, un spécialiste des maladies infectieuses de l’université de Pittsburgh. « Le virus Ebola mute assez fréquemment, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il puisse devenir aéroporté », ajoutant « qu’il faudrait une succession précise de mutations peu probables dans de multiples gènes ». « Le virus VIH possède également un taux élevé de mutations, mais il n’a jamais acquis la capacité à se disséminer par l’air ». « Par ailleurs, a-t-il expliqué, les mutations virales peuvent venir avec un compromis - le virus peut gagner la capacité à se disséminer par voie aérienne mais perdre l’aptitude à infecter les personnes ou à provoquer des symptômes sévères ».
Des mutations virales permanentes
Derek Gatherer, un chercheur à l’Université Lancaster au Royaume-Uni, partage le même avis, et fait valoir qu’il n’existe aucune évidence de filovirus - les virus de la même famille que l’Ebola - se transmettant par voie aérienne dans la population humaine. Le Dr Anthony Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases, s’est aussi voulu rassurant lorsqu’il a du témoigner devant un comité du Congrès américain. « Il est très peu probable que l’Ebola puisse muter de façon à se transmettre par voie aérienne, mais la meilleure façon de s’en assurer est d’arrêter l’épidémie », a-t-il répondu.
Les virus mutent toute le temps, a-t-il expliqué. La plupart des mutations ne sont associées à aucun changement biologique. Parfois, ces mutations modifient une fonction, rendent le virus plus ou moins virulent, ou lui permettent de se propager plus ou moins efficacement selon sa voie normale de transmission. « Mais il est extrêmement rare qu’une mutation change la façon dont il se transmet », a-t-il assuré. Il a ajouté toutefois que cela n’était pas impossible, et que plus le virus se propageait, plus grandes étaient ses chances d’acquérir des mutations. D’où l’importance d’enrayer l’épidémie. Dr Anthony Fauci a précisé que des fonds gouvernementaux étaient attribués au Broad Institute de Boston pour surveiller les mutations du virus.
Par ailleurs, il a noté qu’un 13e volontaire avait reçu le vaccin Ebola et que jusqu’alors les essais se déroulaient bien. Les Etats-Unis envoient 3 000 militaires au Liberia, le pays le plus frappé par l’Ebola, afin d’aider les efforts civils a combattre l’épidémie.
NYTimes, 11 septembre 2014, Michael Osterholm "What We’re Afraid to Say About Ebola".
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