LA CRISE mondiale déclenchée par « L’Innocence des musulmans », film inepte qui se livre à un anti-islamisme primaire, gêne tout à la fois notre action diplomatique relative à la guerre civile en Syrie, notre gestion du printemps arabe, et l’éventuelle récupération des otages français, en particulier ceux du Mali, qu’Al Qaïda menace de mort. Ce n’est sans doute pas un hasard si les tractations concernant les otages du Mali, en sommeil depuis plusieurs mois, ont été relancées par la diffusion d’une video où les mêmes otages réclamaient de notre gouvernement une décision rapide. Les pourparlers butent sans doute sur le montant énorme de la rançon exigée par Al Qaïda Maghreb islamique (AQMI).
Le Mali est mal parti.
Au moment où les Américains croient percevoir un affaiblissement d’Al Qaïda en Afghanistan et au Yémen, ses troupes, armées jusqu’aux dents depuis qu’elles ont fui la Libye avec armes et bagages, occupent au Nord-Mali un territoire grand comme la France où elles martyrisent la population et détruisent des mausolées et des monuments religieux qui existaient depuis 13 siècles. L’invasion du Mali par des forces terroristes a suivi un coup d’État militaire à Bamako qui a encouragé les Touaregs indépendantistes à s’emparer du Nord. Dans leurs fourgons, ils ont amené des intégristes ivres de fanatisme qui étaient plus forts qu’eux et les ont supplantés. L’armée malienne a accepté le retour des civils au pouvoir, non sans essayer de conserver son influence sur les affaires de la partie du Mali qui n’a pas été envahie. La France s’efforce, mais jusqu’à présent sans succès, d’organiser une coalition des bonnes volontés qui mettrait sur pied une armée composée de soldats maliens, nigériens et mauritaniens aidés par nos moyens logistiques et ceux des États-Unis. L’Algérie, qui ne ferait qu’une bouchée des terroristes, refuse de s’engager parce qu’elle craint une résurgence de la violence sur son propre sol. La guerre civile algérienne des années quatre-vingt-dix, qui a fait quelque cent mille morts, semble l’avoir privée de toute ambition, même dans le cas où elle est directement menacée par une présence d’éléments hostiles au sud du Sahara. Le projet de reconquête du Nord-Mali est donc mal parti.
TUNISIE, EGYPTE, LIBYE : NATIONS FUNAMBULES QUI PEUVENT BASCULER
En Tunisie, en Égypte et en Libye, la diplomatie française doit encourager les forces démocratiques, ce qui consiste à faire en sorte que le fanatisme ne se serve d’aucun prétexte. Le gouvernement a interdit toute manifestation de salafistes en France, mais Marine Le Pen, jamais à court d’une idée politique dangereuse, propose d’interdire à la fois le voile et la kipa dans la rue, ce qui aurait pour effet de stimuler les provocations des mêmes salafistes en milieu urbain. Contre toute évidence, le président iranien, l’épouvantable Ahmadinejad, dans sa veine intolérante, voit dans « L’Innocence des musulmans » un complot israélien, alors que chacun sait aujourd’hui que la video est une production copte soutenue par le pasteur évangéliste Terry Jones, celui qui a déjà brûlé le Coran en place publique.
Avec l’affaire « Charlie-Hebdo », la France se retrouve dans la même situation ambiguë que celle des Etats-Unis. Le président Obama qui, depuis son discours du Caire en 2009, dans lequel il tendait la main au monde arabo-musulman, doit s’élever avec force (quitte à envoyer des navires de guerre au large des côtes libyennes) contre des émeutes qui ont fait quatre morts dans le corps diplomatique américain, et continuer à dire qu’il ne cèdera pas à la tentation d’un affrontement sans issue. Les trois pays, Égypte, Libye et Tunisie, sont clairement partagés entre l’ascension du fondamentalisme et l’aspiration de la population à tirer les bienfaits, démocratiques et laïques, de sa révolution. Ce sont des nations-funambules qui avancent sur un fil et peuvent à tout instant basculer soit dans l’instauration d’un État de droit, soit dans l’anarchie.
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