Le président de la République ne se laisse pas abattre par ses échecs successifs aux municipales et européennes. Il affecte de ne rien savoir de l’ascension inquiétante du Front national, de l’affaiblissement de la gauche, réduite à 35 % du corps électoral, des tâches qu’il n’achève pas, notamment sur le plan de la dette et du budget. Il lance des réformes essentielles, celle des territoires et celle du code pénal. Problème : sur quelles forces s’appuie-t-il pour changer la carte des régions et les missions de la justice ?
La question ne porte pas sur la légitimité de son action, parfaitement prévue par les institutions et renforcée par le passage du septennat au quinquennat. Ce n’est pas l’exécutif qui est en cause, mais les moyens législatifs dont il dispose. La réduction du nombre des régions de 22 à 14 (mais le premier projet était plus audacieux, il s’agissait de ne pas dépasser 11 ou 12 régions) a été lancée lundi dernier dans une confusion, une hâte, une cacophonie de récriminations qui, déjà, indiquent que la réforme a été mal préparée. Elle fera l’objet de deux projets de loi qui seront soumis d’abord au Sénat. Elle soulève une vive opposition et pas seulement à droite. Elle risque donc, de nouveau, de se heurter à un Parlement rebelle. Elle sera discutée dans une atmosphère de décadence, avec une gauche trop affaiblie elle-même pour résoudre ses différends internes et une opposition divisée, qui n’aura sans doute pas la force de se hisser au niveau d’un débat historique.
Il en va de même de la réforme pénale, destinée, pour aller vite, à décongestionner les prisons au prix d’une périlleuse indulgence judiciaire ; elle est conduite par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui n’est pas vraiment en phase avec le Premier ministre, Manuel Valls. Et son projet risque de devenir caduc avec la recrudescence du terrorisme. On rappelle à gauche, et à juste titre, qu’une réforme ne doit pas dépendre de la conjoncture, mais la sécurité des Français n’est pas une affaire conjoncturelle.
Un président handicapé.
De quoi ce charivari témoigne-t-il, sinon de la hâte avec laquelle François Hollande veut remonter la pente, toujours plus vertigineuse, de sa cote de popularité alors que, dans son propre camp, on commence à lui nier la possibilité de se présenter à un nouveau mandat en 2017 ? Le sondage du « Figaro Magazine » de samedi dernier, selon lequel 3 % des Français seulement souhaitent qu’il se porte candidat, est à cet égard significatif de l’absence de crédibilité (sinon de légitimité) de M. Hollande. Il fait dire par son entourage que la question du second mandat ne se pose pas pour le moment. Et il n’a pas tort : il lui reste trois ans à gouverner. Il ne peut pas s’effondrer dans son fauteuil et laisser M. Valls diriger le pays. On lui a assez reproché de mal mesurer les enjeux et de sous-estimer la gravité de la crise pour s’étonner de ce qu’il exprime sa combativité en allant ferrailler sur le terrain.
Mais il y va avec une vigueur insuffisante, avec un handicap qui l’empêche d’imposer à sa majorité des réformes profondes et irréversibles. Il porte sur son dos de trop nombreux échecs électoraux, économiques et sociaux. À entendre les commentaires soulevés par la nouvelle carte des régions, on devine déjà que la réforme territoriale n’apportera pas le changement escompté et, surtout, qu’elle ne mettra pas fin au fameux millefeuille, pas plus que, de l’aveu même d’André Vallini, secrétaire d’État à la réforme territoriale, elle permettra des économies substantielles. Or n’est-ce pas pour diminuer les dépenses publiques que le nombre des régions devait être réduit ? Au moins le président peut-il dire qu’il ne suffit pas de le critiquer. Il n’est pas moins crédible que ceux qui, à droite, n’ont ni l’envie ni les les moyens de gouverner. Il continuera son petit bonhomme de chemin parce que, entre une gauche irréaliste, un FN menaçant, une droite pulvérisée par les scandales, il ne reste plus que les institutions de Ve République pour porter le pays.
Richard Liscia
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque