IL NE FAUT PAS tirer sur une ambulance. Ni les électeurs ni l’opposition ne doivent se réjouir de cette nouvelle défaite politique du président de la République : nous aurions tous été très contents d’apprendre que l’économie allait mieux. Ce n’est pas le cas, mais ce n’est pas non plus une surprise : l’erreur du chef de l’État, c’est d’avoir été excessivement optimiste dans une conjoncture qui n’offre pas d’espoir dans l’immédiat. Il s’est rendu compte à l’automne 2013 que le pari ne serait pas tenu, que la croissance ne reviendrait pas, que les contrats de génératiopn et les emplois jeunes n’y suffiraient pas. C’est pourquoi, au début de 2014, il a changé de cap économique et social. Mais les dispositions qu’il propose seront-elles à la hauteur de l’enjeu ? Et pourra-t-il les appliquer dans leur intégralité ? Saura-t-il se dresser contre des syndicats ultra-conservateurs ?
De ce point de vue, la mauvaise nouvelle de la progression du chômage soulève le doute que les annonces du 14 janvier dernier avaient partiellement effacé. Sans que l’opinion publique comprenne très bien la nature des mesures envisagées ni leur efficacité possible, une sorte de consensus s’est formé, la droite s’opposant du bout des lèvres quand elle n’approuvait pas carrément, la gauche devenant soudainement muette, les syndicats s’indignant avec un peu moins de virulence que d’habitude. Le soufflé retombe. La tâche que François Hollande s’est assignée est colossale. Il n’a pas commencé à économiser les quelque 70 milliards qu’il doit retirer de la dépense publique d’ici à la fin de son mandat. Les trente milliards de réduction des charges pour les entreprises ne sont que dix dès lors qu’il s’agit de soustraire de ce montant celui qui est consacré au CICE (crédit compétitivité emploi) déjà en vigueur.
Moralement raison, économiquement tort.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, conduit les discussions avec les syndicats et le patronat tambour battant. Il ne perd pas de temps. Il demande des contre-parties aux entreprises. Il a moralement raison, économiquement tort. Les sociétés ont besoin de reconstituer leurs marges, tombées à un niveau historiquement bas, avant d’embaucher du personnel. Elles doivent gagner en compétitivité pour se placer sur les marchés extérieurs. Il n’y a pas, en économie, de rapport de cause à effet immédiat. Il y a un contexte favorable ou non à l’expansion. Si courageux que soit le plan Hollande, il gagnerait en efficacité s’il allait plus loin dans la diminution des cotisations patronales et dans la baisse de la dépense publique. Est-ce possible ? D’autres pays européens l’ont fait. N’étant pas les mieux lotis en Europe, nous devons être encore plus ambitieux. On dit, ici et là, que le président, pour en finir avec les criailleries des corps constitués, notamment des syndicats, devrait maintenant gouverner par ordonnances. L’état du pays justifierait la méthode, même si elle n’est pas la plus démocratique du monde. Ce qui vient à l’esprit de n’importe quel observateur de la scène politique, c’est que la gauche au pouvoir peut faire ce que la droite n’a pas osé faire, pour autant que les Français l’eussent autorisée à le faire. Pour des réformes profondes capables de faire mal, personne n’est mieux placé qu’une majorité qui prétend choyer le peuple en toute circonstance.
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