Une étude européenne, dont les résultats sont parus dans « The Lancet HIV », montre que 17 % des découvertes de séropositivité au VIH en Europe surviennent chez des plus de 50 ans (soit 5 076 sur les 29 419 dans toute la population). Cela reflète une augmentation entre 2004 et 2015, et ces diagnostics sont aussi réalisés à un stade plus tardif, s’inquiètent les auteurs de l’étude. La prévalence du VIH a augmenté chez les plus de 50 ans ces 20 dernières années, en particulier en Europe de l’Ouest, aux EU et au Canada. Cette augmentation est attribuée à deux facteurs : l’augmentation de l’espérance de vie avec le VIH (grâce aux traitements antirétroviraux) et l’augmentation du nombre de personnes devenant séropositives après 50 ans. Cette nouvelle étude se penche plus particulièrement sur ce second aspect.
Augmentation des découvertes chez les plus de 50 ans
L’étude a inclus les 28 pays de l’Union européenne, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège. Les auteurs constatent que le taux de diagnostic chez les plus de 50 ans augmente en Belgique (avec 3,9 % d’augmentation annuelle en moyenne, ce qui fait passer le nombre de nouveaux cas de 2,61 pour 100 000 en 2004 à 4,15 pour 100 000 en 2015) ; en Allemagne (8,1 % d’augmentation annuelle, de 0,72 nouveau cas pour 100 000 en 2004 à 1,83 en 2015) ; en Irlande (5,4 % d’augmentation, de 1,41 nouveau cas pour 100 000 en 2004 à 3,33 en 2015) et en Grande-Bretagne (3,6 % d’augmentation, de 3,1 nouveaux cas pour 100 000 en 2004 à 4,32 en 2015). Hors augmentation, les taux les plus hauts en 2015 étaient retrouvés en Estonie, en Lituanie, à Malte et au Portugal (avec respectivement 7,5 nouveaux cas pour 100 000 ; 7,17 ; 7,15 et 6). En moyenne, l’augmentation des nouveaux cas en Europe est de 2,1 % chez les plus de 50 ans.
Des découvertes tardives
Les auteurs rapportent aussi que 47 % des découvertes de séropositivité chez les plus de 50 ans sont faites à un stade avancé. Ainsi, 39,3 % des plus de 50 ans étaient diagnostiqués avec moins de 350 CD4 par μl de sang, un chiffre plus élevé que chez les 15-49 (26,7 %). Pour les auteurs, ces données pourraient s’expliquer par la méconnaissance des plus de 50 ans sur le VIH, ce qui pourrait conduire à une perception erronée de leur propre risque. Une méconnaissance pouvant être partagée par certains professionnels de santé.
Et en France ?
Comme l’indique le Dr Florence Lot, médecin épidémiologiste à Santé publique France, « tout dépend de si l’on considère le nombre de cas ou la proportion. En France, entre 2004 et 2015, sur la même période que l’étude européenne, le nombre de découvertes de séropositivités chez les plus de 50 ans est assez stable (environ 1 100 chaque année). Mais comme le nombre total de découvertes a diminué, si 13 % des découvertes se faisaient chez des plus de 50 ans en 2004, ce chiffre s’élevait à 19 % en 2012. Et entre 2012 et 2015, les chiffres restent stables car le nombre total de découvertes pour toute la population reste stable. » Comme dans le reste de la population européenne, les nouveaux diagnostiqués après 50 ans sont plus souvent des hommes, hétérosexuels, nés en France et diagnostiqués plus tardivement. « On constate ainsi que 39 % d’entre eux sont diagnostiqués sous 200 CD4 par μl ou au stade sida », ajoute Florence Lot. « En revanche, on observe aussi, en parallèle, une proportion importante d’infections récentes (depuis moins de 6 mois), qui s’élève à 28 %. Comme ailleurs en Europe, les plus de 50 ans s’imaginent moins concernés, et même s’ils sont moins multipartenaires que les plus jeunes, sont aussi moins le réflexe du recours au préservatif. D’où l’importance de penser à proposer le dépistage chez tous, quel que soit l’âge en cas de prise de risque (incluant un rapport sexuel non protégé). »
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