QUE LE FRONT l’emporte, fût-ce à Brignoles, où il ne fait pas ses premières armes et à l’occasion d’une cantonale, et vous pouvez compter sur le triomphalisme de ses militants, qui ont raison de penser aux élections municipales de l’année prochaine. Face à cette exubérance, la gauche et la droite auraient dû adopter un ton sobre. D’abord en réaffirmant leur volonté de faire barrage à l’extrême droite lors du prochain scrutin ; ensuite en montrant que le FN, par exemple, éprouve de grandes difficultés à être présent dans toutes les communes de France, parce qu’il manque de cadres ; enfin, en soulignant que l’hirondelle de Brignoles ne fait pas le printemps national. Le pire, pour les partis de gouvernement, c’est de s’avouer battus. Et, d’une certaine manière, c’est ce qu’ils ont fait.
Mauvaise conscience.
En témoigne la charge du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui a reproché à l’UMP de ne pas avoir soutenu sa candidate à Brignoles alors que les électeurs du PS, eux, ont respecté le front républicain. Ce qui a incité Jean-François Copé à dire que le chef du gouvernement « perdait ses esprits ». Résultat : que M. Ayrault ait eu raison ou non, il a accusé le coup et le Front s’en léchait les babines. Première leçon : il n’est pas forcément utile de revenir sur les causes d’une défaite. Deuxième leçon : il y a toujours quelque chose à dire sur un avenir qui, pour ne pas sembler radieux, peut réserver une surprise agréable.
LE PS DOIT FAIRE SON AGGIORNAMENTO
La remarque de M. Ayrault trahit en outre le reproche que la majorité s’adresse à elle-même in petto mais qu’elle refuse de reconnaître publiquement, à savoir que le Front national n’attire plus seulement des électeurs situés à la droite de l’UMP mais aussi des gens qui, naguère, votaient socialistes. C’est sur cette dérive qui emporte ouvriers et employés que les stratèges socialistes doivent travailler s’ils ne veulent pas essuyer une défaite aux municipales avant leur débâcle à peu près certaine aux européennes. François Hollande estime que l’opinion française s’éloignera du FN quand la croissance reviendra et que le chômage diminuera. Mais la crise sociale suffit-elle à expliquer le succès de l’extrême droite ? Pourquoi le vote pour le FN est-il désormais décomplexé ? Pourquoi les Français les moins favorisés épousent-ils des thèses hostiles aux « valeurs » républicaines qui leur ont été inculquées ? Pourquoi l’empathie ou la compassion pour des groupes minoritaires a-t-elle cédé la place à l’intolérance, celle-là même que le Front encourage au mépris du civisme le plus élémentaire ?
Le Front, c’est comme la crise. Il dure indéfiniment, on n’en voit pas le bout et on s’adapte à lui en l’intégrant dans la vie politique, en le mimant, en appliquant même certaines de ses idées. Ce qu’a fait la droite, puis la gauche, alors que celle-ci ne cessait, jusqu’à la présidentielle de 2012, de dénoncer la danse du ventre de Nicolas Sarkozy pour ramener à lui une partie de l’électorat du FN. Rien ne trahit plus la fragilité des idées et des promesses que l’exercice du pouvoir. Sur les Roms, Manuel Valls n’a rien inventé. Il partage la fermeté répressive de la droite, avec l’espoir qu’il gardera intact l’électorat socialiste. Les Roms ont été le signe avant-coureur de la peur qu’inspire au gouvernement l’hémorragie des votes PS que provoque la double concurrence des extrêmes, mélenchonistes et marinistes. Comme l’UMP, divisée et impuissante, le PS doit procéder à son aggiornamento. Il doit se demander pourquoi l’électorat ne le croit plus. Pourquoi, la victoire de Samia Ghali au premier tour de la primaire de Marseille a bluffé Marie-Arlette Carlotti, dont les sondages avaient prévu, à tort, la victoire. Pourquoi même les électeurs restés PS ont voulu envoyer un message à l’Establishment socialiste. Et pourquoi l’erreur de Mme Carlotti a été de reprocher à Mme Ghali son clientélisme, alors que tant d’autres raisons expliquent le revers de la ministre.
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