On mesure aujourd’hui les dégâts de la campagne électorale de 2012. François Hollande a fait des promesses qu’il ne peut pas tenir aujourd’hui. Il misait sur une croissance qui aurait adouci les effets des réformes, elle n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu avant longtemps, peut-être pas avant la fin de son mandat. Cette énorme erreur de calcul a créé entre l’exécutif et la population un malentendu qui a favorisé l’ascension du Front national, aliéné la gauche de la gauche, qui avait eu sa propre lecture des promesses du candidat Hollande, sans remarquer qu’il avait tout de même l’intention de réformer, a galvanisé l’extrême gauche et les Verts, a servi d’arme unique à la droite. Manuel Valls s’est félicité de la performance de la France, qui a remporté deux prix Nobel cette année, un en littérature, l’autre en économie, et a stigmatisé en même temps le « french bashing ». Il a raison sur un point : ce n’est pas parce que le déclinisme est à la mode qu’il est justifié. Le pays passe par une crise profonde, mais il finira, d’une manière ou d’une autre, par s’en remettre. Ce ne sont pas l’inventivité, la productivité, l’ubiquité, le talent, la créativité qui manquent aux Français en général. La crise, c’est le schisme entre gouvernants et gouvernés, c’est le malentendu, c’est une politique énigmatique qui ne rassure personne parce qu’elle contestée par ceux-là même qui devraient l’approuver, c’est un pouvoir exsangue, à bout de souffle, privé d’autorité en dépit du volontarisme affiché du Premier ministre, c’est l’absence de cap visible, c’est la distance entre les paroles et les actes, c’est que personne ne croit aux mesures annoncées.
Un plan et un calendrier.
Le gouvernement a besoin d’un plan et d’un calendrier. Il a encore deux années utiles pour adopter un certain nombre de réformes indispensables à la survie du pays. Il doit rétablir son autorité en matant l’opposition de gauche. Il doit se convaincre lui-même qu’il n’y a pas d’autre politique que la réduction de la dépense publique, même si elle menace autant l’emploi qu’une hausse des impôts. M. Hollande et M. Valls doivent oublier leur intérêt personnel et leur avenir politique, La crise est trop grave pour qu’ils espèrent en triompher assez tôt et récolter les dividendes politiques de leur performance. En même temps, il faut qu’ils mettent un terme au bashing dont ils sont eux-mêmes victimes, à l’irrespect général que leurs fonctions inspirent. Ils doivent mettre leur budget en harmonie avec ce que demande la commission de Bruxelles non pas parce qu’elle aurait la science infuse mais parce que la France est un cas à part, un pays qui doit tirer l’Europe en avant, un pays qui ne peut pas avoir un comportement à la grecque. Un pays qui a sa place dans la lutte contre le terrorisme et la tyrannie ne peut être crédible, comme puissance moyenne mais active, que si sa force économique est comparable à sa force militaire. Il est possible que le plan et le calendrier entraînent un affrontement entre l’exécutif et ses nombreux dissidents. C’est un défi qu’un gouvernement convaincu de ce qu’il entreprend doit savoir relever. Il en va de l’avenir immédiat. Il en va de la stabilité du pays. Il en va de nos institutions.
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