ON NE REVIENDRA pas ici sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le soutien à l’intervention de la France. L’approbation populaire a légèrement diminué, mais elle se situe aux alentours de 60 % des personnes interrogées. M. Hollande a pris une décision rapide que rien ne laissait prévoir, et qui le contraignait, comme on a pu le constater jour après jour, à déployer une logistique lourde, à envoyer plusieurs milliers de nos soldats, à obtenir un apport des Africains, même s’il se limite à ces combattants remarquables que sont les militaires tchadiens, à prendre des risques pour nos otages et à aller chercher les terroristes dans les confins du Mali.
La France a surpris l’ennemi.
Avant de battre notre coulpe, constatons les résultats positifs de la libération du Nord-Mali. Elle a arraché des populations réduites à une forme d’esclavage par les fondamentalistes ; elle a refait l’unité du Mali, bien qu’elle soit fragile ; les Tchadiens se sont battus avec efficacité et ont essuyé de lourdes pertes, ce qui montre qu’une participation africaine à la guerre, quoique insuffisante, a été nécessaire ; l’intervention a surtout écarté un immense danger, l’installation au cœur de l’Afrique d’un califat qui aurait menacé l’Europe en général et la France en particulier ; elle a retourné contre les djihadistes les Touareg qui venaient d’être dépossédés par des bandes de brigands de ce qu’ils appelaient l’Azawad.
On se pose la question : quand ils se sont lancés dans leurs pick-up en direction de Bamako, les djihadistes ont-ils imaginé que les avions français les bombarderaient, que nos troupes viendraient les défier sur leur terrain, qu’elles reconquerraient une à une les villes du nord et que notre armée poursuivrait les terroristes dans leurs massifs montagneux ? Croyaient-ils que nous accepterions de verser du sang pour les combattre ? Imaginaient-ils la terrible trempée qu’ils ont reçue dans le massif des Ifoghas ? Ce qui est remarquable, c’est moins la décision d’intervenir à la suite d’un appel désespéré du président malien par intérim que l’effort coûteux, de tous les points de vue, que cette décision impliquait. Non seulement M. Hollande a accepté de prendre des risques considérables, mais, à aucun moment du conflit toujours en cours, il n’a semblé envisager de s’en tenir à l’essentiel, la libération de Tombouctou, de Gao et de Kidal, et d’arrêter nos troupes au bas de la montagne. Il aurait pu le faire, conformément à son habitude qui consiste à peser le pour et le contre et prononcer un jugement de Salomon : tenir le terrain reconquis, mais arrêter une longue bataille pour préserver la vie des otages et limiter nos pertes qui, à ce jour, s’élèvent à trois de nos soldats.
UNE INTERVENTION QUI DEVAIT REUSSIR A TOUT PRIX
Il aura donc été un implacable chef de guerre. Implacable pour les terroristes mais aussi pour ceux des nôtres dont c’est le métier de se battre et pour les otages. D’aucuns penseront que la famille de Français, dont des enfants, prise au Cameroun par des éléments des Boko Haram, des djihadistes nigérians, n’aurait pas été enlevée si la France n’était pas intervenue au Mali. M. Hollande, tout en répétant qu’il s’occupe sans arrêt de nos concitoyens détenus, se contente de conseiller aux djihadistes de se rendre et de restituer les otages. Sur la mort d’Abou Zaïd, qui est à peu près certaine et de Mokhtar Belmokhtar, qui l’est moins, le pouvoir ne dit mot. Il veut éviter comme la peste toute forme de propagande et de triomphalisme. Il laisse Idriss Déby, président du Tchad, faire les annonces qu’il veut.
Le succès de M. Hollande est certes provisoire et cache beaucoup de préoccupations : en se lançant dans une aventure beaucoup plus délicate que les bombardements en Libye, il a pris le risque de l’enlisement : il n’existe aucune structure militaire ou politique au Sahel pour prendre le relais de l’offensive française. Les soldats maliens sont médiocres, mal entraînés, peu équipés. À part le Tchad, la contribution des pays africains à la guerre a été et reste symbolique. L’Europe a laissé faire, elle est restée sourde aux sollicitations françaises. Les Américains sont subjugués par notre savoir-faire militaire, nous ont aidés mais se tiennent à l’écart du terrain. La France est un peu seule, elle ne sait pas quand elle pourra rapatrier ses troupes et elle n’ignore pas que, dès qu’elle aura tourné le dos, les djihadistes terrés dans les massifs du nord-Mali ou en Libye, réémergeront des sables.
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