L’ALLÉGEANCE aux armes se présente comme une évidence : tout citoyen doit aimer et défendre sa patrie. Le problème vient du fait que la nation est représentée par un gouvernement dont tout citoyen peut contester les mesures ou les actions. L’allégeance au pays n’est pas la soumission à un parti ou à une idéologie. Le meilleur exemple est le « Pledge of allegiance » que prononcent les enfants américains à plusieurs reprises. Devenus adultes dans les années soixante, ils se sont dressés contre la guerre du Vietnam. Ce qui semble signifier que l’énoncé d’un engagement peut être suivie plus tard par la trahison (parfois compréhensible) de cet engagement. M. Copé s’est insurgé contre le parallèle que certains ont établi avec le régime de Vichy. Certes, il s’agit là d’un de ces raccourcis excessifs dont la société médiatique est devenue coutumière. Il n’en demeure pas moins que les hommes et les femmes qui ont sauvé l’honneur de la France dans les années quarante ne sont pas les pétainistes mais les résistants, donc ceux qui se sont bien gardés de faire allégeance à Phlippe Pétain.
ON PRÉSENTE DES CONCEPTS NEUFS, MAIS ON TOURNE AUTOUR DE L’IMMIGRATION
Batailles d’intellectuels.
On a déjà droit à des centaines de milliers de mots sur cette affaire, avec comparaisons historiques, dénonciations, approbations, critiques, polémiques, vastes batailles intellectuelles. La seule question qui vaille est de savoir si la situation actuelle de notre pays est propice à un débat sur une coutume que l’UMP souhaite mettre en place pour des raisons que l’amour de la patrie ne suffit pas à expliquer. L’UMP ne peut pas nier que « l’allégeance aux armes » fait partie des diverses idées ou mesures qui ont été émises ou appliquées pour conforter le camp de ceux qui s’inquiètent d’une évolution de la société française marquée par la mixité et la transformation progressive des « valeurs ». En l’état actuel de la République, ni vous ni moi n’éprouverions la moindre difficulté à jurer notre amour pour la patrie. Les complications commencent quand d’autres, pour des raisons culturelles diverses, soit ne comprennent pas le concept de patrie, soit estiment à juste titre que la société française ne leur donne pas les moyens de s’épanouir. On présente des concepts neufs mais en réalité on tourne toujours autour du même problème social ou ethnique : celui de l’immigration que l’on aborde simplement pas des entrées diverses. Pourquoi ne pas le dire plus clairement ?
On n’échappera pas à l’impression que l’UMP, comme le gouvernement à propos des Roms ou de ses lois sécuritaires, se livre à une manœuvre de diversion. Il est important que les Français soient tous des patriotes, pour autant que l’énoncé de quelques mots solennels leur apporte cette qualité. Il y a néanmoins des problèmes plus urgents à résoudre dans un pays qui compte deux millions huit cent mille chômeurs, qui est accablé par sa dette et ses déficits budgétaires et qui perd tous les jours des parts de marché. Une réduction du chômage suffirait d’ailleurs à créer des citoyens reconnaissants, heureux de trouver enfin un emploi et, en conséquence, plus en phase avec leur patrie. On n’a pas de mal à imaginer que l’ouvrier licencié par une multinationale n’a pas pour la France, incapable de le protéger, un enthousiasme débordant.
Du point de vue strictement politique, on note que l’idée de l’UMP n’a même pas séduit Marine Le Pen, qui y voit une influence américaine. « Pourquoi pas jurer sur la Bible ? », s’est-elle exclamée en faisant allusion à la prestation de serments des nouveaux présidents des États-Unis. On veut bien que la campagne électorale déclenche de multiples initiatives, et que, dans le lot, quelques-unes soient originales, pour ne pas dire bizarres. Mais ce recours systématique à l’imagination souligne l’incapacité du gouvernement à trouver les solutions aux problèmes engendrés par la crise financière et économique. Ils sont bien seuls, les chômeurs ou les précaires qui souffrent d’un mal facile à identifier et tout aussi difficile à guérir, et auxquels on parle un langage qu’ils ne peuvent pas comprendre. Ce n’est pas en jurant leur allégeance aux armes qu’ils boucleront leurs fins de mois.
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