Perspectives 2013

Tout n’est pas si noir

Publié le 11/12/2012
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Crédit photo : AFP

IL EST FACILE d’énumérer les facteurs du malaise politique ressenti par la plupart des Français : ils ont cru à des promesses qui ne sont pas toujours tenues et ne pouvaient pas l’être ; les divisions au sein de la gauche sont profondes, notamment avec l’ex-Front de gauche dont les élus votent contre le pouvoir, y compris sur le projet de budget ; l’affaire de Florange a consacré, pour le moment, la suprématie de la gauche sociale-libérale sur celle des nationalisations, fussent-elles temporaires ; les Verts se sont placés, non sans cynisme, dans une position ambigüe qui leur permet de contribuer à l’exercice du pouvoir tout en martelant leurs désaccords ; la crise continue à aggraver le chômage dans des proportions alarmantes, tandis que restent mineurs les progrès dans la gestion de la dette ; chacun d’entre nous a compris qu’il ne s’agit pas d’une secousse au terme de laquelle tout rentrera dans l’ordre, mais d’un bouleversement historique qui va modifier les conditions de vie des Français.

Un malentendu.

Parmi ces facteurs, le plus important est le malentendu entre le pouvoir et ses administrés. François Hollande a axé sa campagne électorale sur l’antisarkozysme. C’est d’ailleurs pourquoi, confrontés à des problèmes qu’ils ne parviennent pas à résoudre, ses ministres continuent encore, six mois après l’alternance, à se référer à l’héritage tout en s’en défendant, créant de cette manière une figure de style plutôt hypocrite dont le seul objectif est de cacher leur impuissance. Il n’empêche que le sarkozysme et la crise sont deux choses bien différentes, que le réformisme permanent est devenu la seule manière d’affronter l’adversité et que beaucoup de promesses électorales que les socialistes étaient censés tenir en revenant à des méthodes pré-sarkozystes étaient en réalité intenables. Pour la simple raison que les difficultés structurelles du pays les rendaient inapplicables.

TOUT SE JOUERA EN 2013 POUR HOLLANDE

Ce n’est pas au nom de cette analyse que l’opinion se dresse aujourd’hui contre un gouvernement qui la déçoit. Les électeurs de François Hollande exigent simplement qu’il fasse ce qu’il a promis de faire ; l’extrême droite trouve dans sa prudence la continuité de ce qu’elle appelle l’UMPS ; l’extrême gauche est frustrée de ne pas obtenir les remèdes de cheval qu’elle réclame tout en attaquant l’arrogance du PS. Un pays pessimiste, un peuple fâché avec ses gouvernants d’hier et d’aujourd’hui, des millions de citoyens qui ne peuvent pas comprendre que le chômage, la précarité, l’absence d’avenir soient une fatalité.

Il n’empêche que le chef de l’État applique, peu ou prou, avec ou sans quelques aides aux plus pauvres, avec des orientations budgétaires qui tentent de ménager des espaces pour soigner quelques-unes des plaies de la société, une politique économique qui, n’étant pas tellement différente de celle de son prédécesseur, au moins dans les deux dernières années du mandat présidentiel précédent, indique qu’il n’en existe pas d’autre qui soit raisonnable. Si c’est l’intérêt du pays plutôt que celui d’un camp qui nous préoccupe, nous devrions nous réjouir, par exemple, du pacte de compétitivité, qui offre un espoir pour la relance des entrprises, et donc de l’emploi en France, sans nous préoccuper de savoir qui, du PS ou la droite, est le plus intelligent. On peut toujours dire que, si François Hollande avait été sincère pendant la campagne électorale, s’il n’avait pas pris quelques engagements sur lesquels la conjoncture économique et financière l’a bel et bien forcé de revenir, s’il ne s’était pas borné à démolir moralement son adversaire, il n’aurait pas été élu. N’en parlons plus : on ne refait pas l’histoire. C’est le même François Hollande qui, en 2013, et parce qu’il a pris quelques bonnes décisions, va diminuer les déficits publics et redresser nos exportations, c’est lui qui va réorienter le pays vers des créations d’emplois, c’est lui qui va renforcer la stature européenne de la France.

Alors que, simultanément, la droite devra panser les blessures profondes qu’elle s’est infligées elle-même ; ce qui retarde sa mise en ordre de bataille. Ce temps sera mis à profit par le pouvoir, car il y a un rapport très étroit entre les souffrances populaires et le redressement du pays. En 2013, en même temps que le peuple gémira sous les coups de l’austérité, les orientations récentes prises par le gouvernement amorceront la résorption des déficits budgétaire et commercial. Il faudra bien rendre au pouvoir ce qui lui appartient.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 9204