Le plan de bataille de la nouvelle majorité socialiste sera officiellement détaillé dans quelques semaines. Mais dès aujourd’hui, « le Parisien » précise les premières mesures d’une lutte qui s’annonce sévère pour les buralistes, insuffisantes pour les acteurs de la prévention sanitaire, alors que 73 000 personnes décèdent chaque année de complications liées au tabagisme.
Au-delà de la hausse au 1er octobre de 6 % des prix des produits du tabac (soit 40 centimes environ par paquet), confirmée par Jérôme Cahuzac en juillet dernier, Marisol Touraine envisage d’autres augmentations à moyen terme. Celles-ci devraient résulter mécaniquement d’une contribution des industriels du tabac que la ministre de la Santé voudrait inscrire dans le projet de loi de financement 2013 : les entreprises devraient reverser 200 millions d’euros, prélevés sur leurs bénéfices, à la lutte contre le tabagisme. « Rien n’est encore arbitré », modère-t-on à Bercy. Mais Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a confirmé sur RTL ce matin « qu’une réflexion est en cours sur ce sujet chez (s)a collègue en charge de la santé. Il y a des hypothèses de travail, celle-là en est une ». Et de souligner « l’importance d’une augmentation même minime – car il s’agirait d’une augmentation assez faible – du prix du paquet de cigarettes ».
Un paquet de mesures sinon rien
À front renversé, l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) estime que cette mesure n’a aucun intérêt pour la santé publique. « À moins d’une augmentation du prix de 10 % en une fois, on n’observe pas d’effet significatif. L’augmentation de 40 % en 2003 a fait baisser la consommation. Mais depuis, des hausses de 5 ou 6 % enrichissent buralistes, industriels, et l’État, sans que le nombre de fumeurs ne diminue », explique au « Quotidien » Joseph Osman, directeur de l’OFT.
Parmi les autres pistes susceptibles de voir le jour, le gouvernement pourrait imposer le paquet générique, un emballage neutre sans logo ni couleur, ainsi qu’une exposition moins visible derrière les comptoirs des buralistes, un projet également porté par la commission européenne. « La France a souvent été précurseur, il ne faut pas s’interdire de l’être », commente Marisol Touraine dans « le Parisien ». De nouveaux espaces non-fumeurs pourraient être déployés.
Une meilleure prise en charge des produits de sevrage est aussi à l’étude. Actuellement, un forfait de 50 euros par an par personne (ou 150 euros pour les femmes enceintes) peut être alloué pour les substituts nicotiniques. « C’est totalement insuffisant, quand il faut un traitement de 3 mois au minimum à 1,5 an. En Angleterre, le sevrage est remboursé : le taux de fumeurs oscille autour de 19 %, il est de 33 % en France », analyse Joseph Osman.
Les acteurs de prévention sont pour l’heure circonspects devant ces mesures bien connues... à défaut d’être expérimentées. « Cela fait 4 ans que l’Organisation mondiale de la santé a signé une convention encourageant les paquets neutres : l’Australie vient tout juste de l’imposer aux industriels ! Il faut appliquer toutes ces pistes en même temps et renforcer la prévention à l’égard des femmes et des jeunes », demande Joseph Osman.
Action des buralistes jeudi
La confédération des buralistes lance demain jeudi l’action « buralistes génériques » pour protester contre les paquets génériques et le projet de la commission européenne de supprimer les linéaires. Les professionnels sont appelés à se rassembler dans un bureau de tabac où pendant plus d’une heure, les rayons seront occultés, « pour montrer ce que les buralistes, mais aussi leurs clients, ne veulent pas ». « Qu’on tienne un peu compte de notre fragilité au lieu de faire la course aux mesures à l’efficacité incertaine et aux résultats dramatiques », réclame Pascal Montredon, président de la confédération.
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