VOUS VOUS souvenez peut-être des prédictions qui couraient il y a encore un an : la question n’était pas de savoir si le régime de Bachar Al-Assad tomberait un jour, mais quand. Bachar ne s’est jamais aussi bien porté. Plus personne n’espère se débarrasser du dictateur dont « le Monde » affirme, preuves à l’appui, qu’il utile les armes chimiques. Tout le monde pense à un accord qui se traduirait par la partition de la Syrie. La France a abandonné un préalable qui lui était cher, le départ de Bachar. Elle a essayé, avec la Grande-Bretagne, de livrer des armes aux insurgés, ses alliés le lui ont déconseillé. Il y a maintenant deux camps, celui de la sauvagerie, et celui du « réalisme ».
Si le régime survit et fait des progrès sur le terrain, c’est évidemment parce qu’il reçoit des armes de la Russie et que le Hezbollah libanais a couru à son secours. Ce mouvement libanais, que les Européens hésitent encore à qualifier de terroriste, a envoyé en Syrie assez de troupes pour y subir de lourdes pertes. Mais il a permis à l’armée syrienne loyaliste de reconquérir quelques bastions de l’insurrection. Celle-ci, en revanche, risque d’être complètement livrée à elle-même à partir de demain soir. Non qu’elle ait reçu une aide utile des Occidentaux. Mais, furieuse de ne jamais avoir été soutenue par eux militairement, elle estime qu’un compromis avec les Russes entérinerait sa défaite partielle. Elle peut compter encore sur l’aide de groupes s’inspirant d’Al-Qaïda et qui combattent auprès de sunnites contres les Alaouites. Ce faisant, elle vend son avenir pour ne pas succomber. Et on versera des larmes sur un nouvel État dirigé par des djihadistes.
Les insurgés n’ont pas tort de dire que le projet de conférence de paix est insuffisant face à la gravité d’une tragédie qui, à ce jour, aurait fait cent mille morts, dans des conditions barbares, attribuables aux deux camps, et qu’il arrive trop tard. En prenant le parti de Bachar parce qu’ils jugeaient qu’il était l’homme capable de protéger durablement leurs intérêts économiques et stratégiques en Méditerranée, les Russes ont pris une grave responsabilité au regard de l’histoire, mais ils n’en ont cure. Ils n’hésitent pas à livrer des armes à leur clientèle au Proche-Orient, sachant pertinemment qu’ils encouragent ainsi une attaque ultérieure de l’Iran et du Hezbollah contre Israël. Moscou n’a jamais eu le moindre scrupule à s’associer avec des « États-voyous » comme l’Iran ou des organisations terroristes comme le Hezbollah. L’amitié russo-syrienne est le dernier avatar de la diplomatie la plus cynique du monde.
CE QUI SE PREPARE, CEST LA BALKANISATION DE LA SYRIE, DE L’IRAK ET DU LIBAN
De toute façon, si la France et le Royaume-Uni, à plusieurs reprises, ont montré quelque velléité à traiter le régime syrien par la force, le climat général en Europe est plutôt à la résignation, attitude nourrie par une peur panique de l’engagement militaire. La vérité est qu’il n’y a pas de candidat à la guerre pour protéger un peuple menacé d’extermination. Barack Obama s’est bien gardé de prendre la tête d’un mouvement occidental pour combattre par les armes l’effroyable dictature syrienne. Obnibulé par sa propre doctrine, fondée sur le désengagement au Proche et au Moyen-Orient, avec l’évacuation de l’Irak et de l’Afghanistan, il refuse de se laisser attirer dans ce nouveau guêpier qu’est la Syrie. Il manque donc à l’ONU et aux Occidentaux, un chef de file, des moyens, des soldats et de l’argent, toutes choses que seule l’Amérique peut fournir en quantités suffisantes. Si la position russe d’aide au régime de Bachar Al-Assad n’a jamais varié, c’est principalement parce que Vladimir Poutine n’a pas été mis au défi. Contre la froide analyse de ce qui est bon ou pas pour Moscou, Washington aurait dû jouer à fond la carte de la liberté des Syriens.
La leçon des actes manqués en Syrie offre une idée de ce qui va se passer dans toute la région. La Syrie va être coupée en deux ou trois parties ; l’Irak subira le même sort : le nord kurde, déjà autonome, va devenir la patrie de tous les Kurdes, y compris ceux de Turquie, avec lesquels le gouvernement d’Ankara va trouver un compromis, et le reste de l’Irak sera divisé en deux territoires, l’un sunnite, l’autre chiite (pour autant que l’Iran laisse les sunnites avoir leur espace). Le Liban, qui n’a jamais digéré sa longue guerre civile (1975-1990), est écartelé entre musulmans et chrétiens, entre confessions religieuses diverses, entre partisans de l’Iran et amis de l’Occident. C’est un autre effet du fameux printemps arabe : la balkanisation à outrance des pays concernés.
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