LE SUCCÈS des religieux a été accueilli avec prudence par les chancelleries occidentales. Aussi bien serions-nous mal inspirés si nous contestions des résultats électoraux parfaitement légitimes. Nous ne pouvons pas davantage éprouver de la nostalgie pour les régimes que des révolutions populaires ont abattus en Tunisie, en Égypte ou en Libye. Il suffit, pour se garder de cette tentation, d’observer les actes de férocité inouïe commis par le régime de Bachar Al-Assad en Syrie. En d’autres termes, il faut accepter, dans le monde musulman, la règle du jeu démocratique que nous appliquons à nous-mêmes. Il ne faut pas, pour autant, nourrir la moindre illusion sur l’amalgame entre la religion et la politique auquel nous assistons dans les pays que nous avons mentionnés.
Continuité ?
Effet, sans doute temporaire, de l’enthousiasme soulevé par le printemps arabe, nombre d’observateurs sont prompts à trouver une continuité logique ou morale entre le soulèvement et l’option islamiste. Ils rappellent l’existence, dans nos contrées, de la démocratie-chrétienne, et donc du lien qui y existerait naturellement entre la religion et la politique. Ils établissent une différence entre islamistes modérés et intégristes. Ils ne s’attardent pas sur l’évocation de la charia par les dirigeants libyens. Mais ils ne peuvent pas ignorer le très vif mécontentement qu’inspirent les islamistes, si puissants soient-ils, à la gauche et au centre-gauche en Tunisie ; ils ne peuvent pas contourner la victoire des salafistes en Égypte, pays dont deux citoyens sur trois se sont prononcés en faveur d’un parti strictement religieux ; ni que ce choix est exclusif de toute autre religion, comme en Arabie saoudite ou en Iran ; que, pourtant, une forte minorité chrétienne, déjà persécutée, est encore plus menacée maintenant que les islamistes disposent du pouvoir ; ni que le tropisme habituel d’un islam politisé le conduit vers l’affrontement avec les pays non musulmans ; ni que nous avons une expérience d’élections libres en Palestine qui ont produit la victoire du Hamas, version galvanisée des Frères musulmans ; ni que les femmes arabes, qui avaient conquis des droits substantiels au Maroc, en Tunisie et en Égypte, risquent de les perdre.
NE COMMETTONS PAS L’ERREUR D’IGNORER LA PERCÉE ISLAMISTE
Nous étions invités, il y à peine quelques mois, à témoigner de notre admiration sans failles pour le printemps arabe, et de le faire instantanément si nous ne voulions pas passer pour des suppôts des anciens régimes. Aujourd’hui, nous sommes conviés à respecter les scrutins du monde arabe, ce qui est normal, mais, tout aussi vite, à découvrir les avantages supposés de l’intégrisme. Il nous semble plus prudent d’observer ces événements avec un minimum de circonspection. Il ne s’agit pas d’exiger du monde arabe qu’il adopte notre système de valeurs, d’autant que celui-ci est aujourd’hui en perdition ; il ne s’agit pas de laisser libre cours à ce qui passerait nécessairement pour une forme de néo-colonialisme ; il ne s’agit pas de céder à la peur que dicte l’ignorance. Il s’agit de réaffirmer ce que nous sommes et, plus que jamais, de souligner les bienfaits de la laïcité, qui, en dépit de ce que disent certains de nos maîtres à penser, présente le précieux avantage de séparer la religion de la politique, de sorte que chacun puisse choisir sa religion ou même refuser d’en avoir une. Il s’agit aussi, dans un pays de forte immigration comme la France, de confirmer que, ici, c’est le principe laïc qui s’applique depuis 106 ans et que, quels que soient les choix effectués par des pays si proches du nôtre, il continuera à s’appliquer.
En effet, la convergence des résultats électoraux au Maroc, en Tunisie et en Égypte va peut-être s’accompagner d’un triomphalisme qui influencera les relations diplomatiques avec la France et l’Europe. Non seulement nous devons résister à ce phénomène s’il se produit, mais rien ne nous empêche, dans le cadre des rapports d’égal à égal que nous entretenons avec les nations arabes, de faire valoir que les échanges et la coopération nécessitent un minimum d’ouverture vers un monde où les gens sont libres de leurs choix.
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