LE 5 AOÛT dernier, S&P a dégradé d’un cran la note de États-Unis sans que les observateurs de la finance y aient vu un « complot » européen. La France se retrouve aujourd’hui au niveau des États-Unis, ce qui ne saurait constituer une humiliation. On ne se privera pas de contester la décision de S&P, qui a été prise alors que la France se portait mieux, avec un déficit budgétaire en régression, une baisse des taux d’intérêt sur les emprunts et des plans de rigueur qui, nonobstant la campagne électorale, produisent leurs effets. Les agences de notation posent problème pour de multiples raisons : elles se sont arrogé des droits exorbitants ; il n’y a personne pour les noter elles-mêmes ; elles commettent de très lourdes erreurs : elles ont ignoré, par paresse ou délibérément, la crise croissante des subprimes, qui a commencé à l’été 2007 ; S&P s’est trompée de 2 000 milliards de dollars quand elle a fait le bilan de l’économie américaine qui a conduit à la dégradation de la note des États-Unis ; les agences sont censées donner un avis sur la qualité des emprunts faits par les entreprises, les banques ou les États, mais leurs décisions ont une répercussion géopolitique. Tous ces arguments n’en font pas du tout un instrument au service des intérêts américains.
Aucun impact
En revanche, elles ne dégradent une note que lorsque le contexte financier du pays est déjà très mauvais. De sorte que les marchés boursiers et financiers réagissent beaucoup plus tôt à une situation donnée qu’une laborieuse rédaction des attendus d’une note d’agence déjà anticipée. La dégradation de la note américaine n’a eu aucun impact sur Wall Street et a été suivie d’une baisse des taux aux États-Unis. Il en va de même en France et dans la zone euro. En outre, pour un complot, il faut être plusieurs ; et les agences de notation, pour des raisons d’ailleurs obscures, tirent dans des directions différentes, comme s’il pouvait y avoir des analyses divergentes sur l’état des finances d’une entreprise ou d’un pays. Moody’s a maintenu le triple A français tandis que S&P menace maintenant la note du Fonds de stabilité européen (FSFE), principalement abondé par la France et par l’Autriche, qui a été elle aussi dégradée.
LES ÉTATS-UNIS SOUHAITENT LE REDRESSEMENT FINANCIER DE L’EUROPE
Les autorités américaines n’ont aucun intérêt à l’affaiblissement économique de l’Europe, marché immense. L’une des conséquences de la crise de la dette souveraine, c’est la baisse de la valeur de l’euro par rapport au dollar qui favorise nos exportations au détriment des exportations américaines. À plusieurs reprises, le gouvernement américain et, accessoirement le Fonds monétaire international, ont exprimé leur impatience devant la lenteur des tractations au sein de l’Union européenne ou l’absence de décision à fort impact psychologique. Les États-Unis souhaitent sincèrement, et parce que c’est leur intérêt, une gouvernance politique et économique de l’UE.
Ils le disent, parfois avec arrogance, dans la mesure où ils s’inquiètent de nos faiblesses comme s’ils étaient parvenus eux-mêmes à donner l’exemple, en redressant leur économie et en réduisant leur endettement, alors que, en réalité, le conflit permanent qui oppose le président au Congrès empêche, comme en Europe, l’adoption de mesures drastiques. Il n’empêche que, pour eux, la crise de la zone euro aggrave la crise américaine. Non seulement Washington, comme Bruxelles, n’a aucune influence sur le comportement des agences de notation mais l’idée que l’administration Obama puisse dicter une stratégie machiavélique à S&P, au mépris de l’intérêt bien compris des États-Unis, est absurde. Notre méfiance traditionnelle à l’égard de ce que nous appelons péjorativement « le monde anglo-saxon », qui a l’avantage de relativiser ce que les Allemands, de façon un peu obsessive, nous infligent au nom de la vertu financière, obscurcit notre analyse et nous incite à trouver à la crise des mécanismes fictifs, même si le montant de notre dette (1 700 milliards) en est la seule et simple explication.
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