Stratégie territorialisée, nouvelles données d'efficacité vaccinale, traitements innovants… : ce qu'il faut retenir des annonces du gouvernement

Par
Publié le 26/02/2021
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : AFP

« La situation sanitaire de notre pays s’est dégradée au cours des derniers jours », a annoncé le Premier ministre lors d'un point presse le 26 février, évoquant plus de 30 000 cas positifs enregistrés la veille. En cause, la progression de variants, et en particulier le Britannique, « qui concerne désormais à peu près la moitié des personnes atteintes du Covid en France ».

« Grâce aux mesures mises en place, nous arrivons à faire reculer encore le Covid-19, tel que nous le connaissions jusqu'à présent, relève Olivier Véran. Mais du fait de sa plus grande contagiosité intrinsèque, nous n'arrivons pas à faire reculer la diffusion du variant, qui augmente de 40 % par semaine et induit une hausse des contaminations. » La tension dans les services de réanimation reste forte, souligne également le ministre de la Santé.

80 % des résidents d'EHPAD vaccinés

Et alors que le gouvernement a tenté jusqu'à présent d'éviter le recours au confinement, des mesures territorialisées sont désormais envisagées. À Mayotte, le confinement sera prolongé d'au moins 15 jours, et un confinement pendant le week-end a été instauré dans les villes de l'aire urbaine littorale qui s'étale de Menton à Théoule-sur-Mer (dont Nice) et dans l'agglomération de Dunkerque. Vingt départements supplémentaires sont aujourd'hui sur la sellette : « Nous ferons un point la semaine prochaine et nous déciderons alors : si, et seulement si, la situation continue de se dégrader, nous prendrons des mesures renforcées qui entreront en vigueur à compter du week-end du 6 mars », a indiqué le Premier ministre.

La campagne de vaccination représente toutefois pour Jean Castex un « motif d'espoir ». D'ici à la fin du mois, ce sont plus de 4 millions de doses vaccinales qui auront été administrées à plus de 3 millions de Français. « Près de 80 % des résidents d’EHPAD, là où le taux de mortalité est le plus élevé, ont été vaccinés. Plus du quart des personnes de plus de 75 ans a été vacciné », précise le Premier ministre. Conséquence : l'incidence du Covid est en baisse chez les plus de 80 ans, et la moyenne d'âge des patients en réanimation diminue (elle se situe désormais autour de 55 ans).

« Et d’ici à fin mars, les deux tiers des personnes de plus de 75 ans seront vaccinées et nous ouvrirons début avril la vaccination aux plus de 65 ans », poursuit Jean Castex, annonçant également « qu’à la mi-mai, la totalité des personnes de plus de 50 ans se seront vues proposer la vaccination ».

Les personnes qui présentent un risque particulièrement élevé de forme sévère (selon la liste définie par le ministère) peuvent également se faire vacciner avec les vaccins Pfizer et Moderna dans un des 1 200 centres sur présentation d'une prescription médicale, rappelle Olivier Véran. Tandis que les personnes de 50 à 65 ans avec comorbidités et les résidents en hébergement collectif ayant un handicap peuvent se faire vacciner en cabinet médical par le vaccin AstraZeneca, aujourd'hui réservé aux moins de 65 ans.

La HAS saisie pour évaluer le vaccin AstraZeneca chez les > 65 ans

De nouveaux éléments pourraient néanmoins changer la donne. Selon des données écossaises en vie réelle, « il semble que le vaccin AstraZeneca ait une bonne efficacité chez les plus de 65 ans, alors qu'il n'y avait jusque-là pas d'études chez ces patients », rapporte le Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. La Haute Autorité de santé a ainsi été saisie par le ministère de la Santé pour une nouvelle évaluation.

Et alors que ce vaccin, basé sur un adénovirus, a mauvaise presse - notamment du fait d'une efficacité moindre dans les résultats de phase 3 par rapport aux vaccins ARNm (62 %) -, d'autres publications font état d'un taux de protection de 76 % après la première dose et de 82 % après la deuxième dose à 12 semaines d'intervalle, résume l'immunologiste.

Concernant le vaccin Pfizer, Israël, qui a mené une campagne de vaccination massive, vient de publier de nouvelles données d'efficacité dans le « New England Journal of Medicine » à partir des plus de 600 000 premières personnes vaccinées. « Cette étude montre que l'efficacité du vaccin est largement aussi bonne, voire supérieure à celle retrouvée dans les données de la phase 3, avec une protection après la seconde dose qui dépasse les 90 % contre la maladie, les formes sévères, l'hospitalisation et les décès », résume le Pr Fischer, qui précise néanmoins qu'il s'agit d'une étude de court terme. Autre bonne nouvelle mise en évidence dans cette étude : les personnes âgées de plus de 65 ans, voire de plus de 80 ans bénéficient aussi de cette protection.

La campagne de vaccination écossaise a également permis d'apporter de nouvelles données (non encore publiées) concernant ces deux vaccins, et montre notamment une baisse des hospitalisations dès la première dose.

Des résultats attendus pour les interférons

Autre motif d'espoir : de nouveaux traitements pour prévenir les formes graves. Olivier Véran a ainsi évoqué la piste des interférons, des travaux français, menés par le Pr Jean-Laurent Casanova, ayant mis en évidence un déficit en interférons chez certains patients sévères. L'étude nationale Coverage, menée par le Pr Denis Malvy (Bordeaux), permet à des personnes à risque de forme grave de recevoir ce traitement dans un cadre protocolisé. « Nous saurons dans quelques semaines si ce traitement est efficace », avance le ministre de la Santé.

Par ailleurs, des anticorps monoclonaux (bamlanivimab) bénéficient désormais en France d'une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) de cohorte pour le traitement de certaines formes symptomatiques légères à modérées, chez des patients ayant un déficit de l’immunité ou âgés de 80 ans ou plus.


Source : lequotidiendumedecin.fr