«Quelquefois, la meilleure chose à faire pour un médecin est d’être complice de torture. » C’est la conclusion quelque peu paradoxale à laquelle ont abouti Chiara Lepora et Joseph Millum, deux spécialistes de bioéthique, qui publient leurs réflexions dans « The Hasting Center Report ». En dépit de son interdiction absolue, la torture est encore largement répandue, comme en témoignent les données d’Amnesty International. « Les médecins et les professionnels de santé sont impliqués dans au moins 40 % des cas de torture », soulignent Chiara Lepora et Joseph Millum.
Récemment, les auteurs d’une étude publiée dans « PLoS Medicine », après avoir épluché les dossiers médicaux de 9 détenus de Guantánamo, ont mis en cause les médecins, les accusant d’avoir, au mieux, fermé les yeux sur les méthodes d’interrogatoires abusives et les tortures subies par les prisonniers du camp.
Les choses ne sont pas si simples, analysent Chiara Lepora et Joseph Millum évoquant le sombre dilemme dans lequel seraient placés les médecins appelés à soigner, à la demande de leurs tortionnaires, les personnes victimes de torture. D’un côté, la volonté de ne pas participer à des actes terriblement répréhensibles ; de l’autre, la nécessité de ne pas abandonner un patient nécessitant des soins. Être complice d’actes de torture est parfois la bonne décision, soulignent les auteurs. Pour ne pas être du côté des tortionnaires, ils suggèrent, par exemple, la collecte secrète de données qui permettront de futures investigations. Les médecins ont souvent été les premières sources de renseignements des tribunaux internationaux.
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP