LE MODE DE SCRUTIN du Sénat, dont Lionel Jospin souhaitait jadis la disparition, a fait l’objet de réformes qui ont été appliquées en 2004 et 2008 mais ne l’ont pas vraiment simplifié. Ce sont les maires, leurs adjoints, les conseillers municipaux et les délégués des conseils municipaux, dont le nombre dépend de la densité démographique, qui participent aux élections sénatoriales. De sorte que la chambre haute du Parlement se présente un peu comme un cénacle de « happy few » plutôt que comme un puissant contrepoids à l’Assemblée nationale. Le Sénat n’en est pas moins le rassemblement des diversités territoriales. À ce titre, il joue un rôle essentiel en faisant remonter vers le pouvoir le point de vue des « provinciaux », en tout cas de tous ceux qui se sentent éloignés de Paris et des décisions du gouvernement.
Il n’empêche que la représentation sénatoriale est désignée par une méthode compliquée qui ne vaut pas le suffrage universel et explique peut-être que le palais du Luxembourg soit resté si longtemps un bastion de la droite alors que, depuis dix ans, la gauche a gagné toutes les élections intermédiaires. Cependant, un mouvement lent mais irrésistible a permis à la gauche du Sénat de progresser de 14 sièges en 2004, puis de 21 sièges en 2008 ; et, de l’aveu même du président du Sénat, Gérard Larcher, la droite devrait perdre encore entre dix et quinze sièges dimanche prochain. En comptant les faibles gains de la droite, celle-ci pourrait abandonner à la gauche un total compris en six et douze sièges, dont certains se joueront à quelques voix près.
Cela signifierait-il que le Sénat tombera aux mains de la gauche ? Pour le président du groupe socialiste, Jean-Pierre Bel, rien n’est moins sûr. « L’alternance, dit-il, risque de ne pas se produire ». Et il stigmatise un système complexe en vertu duquel les socialistes ne parviennent pas à s’emparer de la majorité même quand ils obtiennent plus de voix que l’UMP. Le Sénat sortant compte 52,2 % de sièges à droite contre 44,3 % de sièges pour la gauche (Centre : 2,9 %). C’est dire qu’il y a un bout de chemin à parcourir pour inverser le rapport de force. D’autant que le vote de dimanche ne porte que sur la la moitié du nombre total de sièges.
Un État-PS ?
L’enjeu des sénatoriales est considérable. Une victoire de la gauche aurait un effet immédiat sur le cours des débats budgétaires du Parlement et placerait le pouvoir dans une position encore plus fragile.
UN SUCCÈS DE LA GAUCHE AU SÉNAT SERAIT UN SIGNE AVANT-COUREUR
Elle apparaîtrait comme le signe avant-coureur d’un triomphe de la gauche à la présidentielle et aux législatives de 2012. Elle affaiblirait un peu plus un gouvernement confronté à une grave crise financière mondiale. M. Larcher a admis, dans un entretien avec « le Point.fr » qu’une victoire de la gauche aurait un effet « sismique ». Voilà pourquoi, et en dépit d’un scrutin alambiqué, en partie majoritaire à deux tours et en partie proportionnel uninominal, cette élection aura un impact politique considérable. Même si le grand public ne s’intéresse que médiocrement à ce rendez-vous politique, d’autant qu’il n’y est pas directement associé, il en retiendra le résultat et la signification. Dans le cas d’une victoire de la gauche, l’effet boule de neige serait énorme. À l’État-UMP dénoncé de loin en loin par les socialistes, succèderait un État-PS qui, après les élections de 2012, si elles étaient gagnées par la gauche, se retrouverait majoritaire dans les deux chambres et à la tête de l’exécutif, sans compter l’immense pouvoir dont il dispose déjà dans les régions. Ce scénario, qui relève plus de la lucidité que de l’imagination, ne ferait que traduire un basculement de l’opinion en faveur de la gauche après un quinquennat considéré comme décevant par beaucoup de nos concitoyens. De même que la doite, depuis longtemps, a tiré le plus grand profit des modes de scrutin qui favorisent le parti majoritaire, de même la gauche, grâce à un puissant renfort de voix qui démultiplierait son avance, pourrait obtenir en 2012 la totalité des pouvoirs.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque