Sarkozy sur la défensive

Réformiste jusqu’au bout

Publié le 01/02/2012
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Crédit photo : AFP

DANS SON ENSEMBLE, la presse ne croit pas que l’émission de dimanche suffira à relancer la candidature du président sortant. On peut certes s’en tenir à l’idée la plus répandue, à savoir que l’écart est si grand avec M. Hollande que M. Sarkozy ne pourra pas inverser la tendance. Et que, dès lors qu’une majorité de Français ne veut plus l’entendre, il ne la fera pas changer d’avis. Il n’empêche que 16 millions et demi de téléspectateurs ont tenu à le voir et à l’écouter, alors que la campagne électorale n’a pas officiellement commencé, que tous ne pouvaient rester insensibles à ce courage dont il a demandé à ses amis de faire un leitmotiv, mais qui est indéniable : s’offrir le luxe d’une hausse de la TVA quand est aussi impopulaire que lui ne manque pas de sel. Que son idée de libérer le bâtiment pour créer davantage de logements et créer des emplois n’est ni sotte ni dangereuse. Qu’il peut chasser sur les terres de la gauche en augmentant la CSG sur les revenus du capital. Qu’il est capable de résister, par exemple quand il refuse de taxer les heures supplémentaires. Et qu’il y a de la cohérence dans son discours quand il dit que, s’il a attendu la fin de son mandat pour en finir avec la semaine des trente-cinq heures, c’est parce que la crise lui a pris tout son temps et qu’on ne peut pas tout faire en cinq ans.

Nouvelle obsession : la croissance.

On nous présente Hollande et Sarkozy comme les hérauts irréductibles de deux idéologies irréconciliables. On se moque de nous. Le chef de l’État était fondé à rappeler que le transfert des charges sociales du travail à la consommation a été la mesure la plus fréquemment utilisée par les gouvernements socialistes d’Europe. De surcroît, une hausse de 1,6 % seulement de la TVA ne devrait avoir qu’un très faible impact sur le pouvoir d’achat, surtout si les entreprises diminuent un peu leurs prix. Le défaut de la mesure, en réalité, c’est qu’elle est timide. Elle réduit de 16 milliards le coût du travail en France, affirme le président, mais sera-ce suffisant pour empêcher la désindustrialisation ?

De même, M. Sarkozy ne semble pas plus soucieux de diminuer la dépense publique que ne l’est M. Hollande. Son obsession en 2011, c’était le désendettement, d’où deux plans d’économies qui risquaient de nous assommer. Mais, comme le montre l’exemple grec, les réductions drastiques tuent le développement économique. D’où la nouvelle obsession de M. Sarkozy : la croissance. Aussi bien ne pouvons-nous écarter d’une chiquenaude ce qu’il nous propose pour la stimuler. Les incitations à construire, dans un pays où un million de familles cherchent désespérément un logement à un coût raisonnable, ne sauraient être tournées en dérision.

L’AVANTAGE DE SARKOZY, C’EST D’AVOIR ACCOMPLI DES RÉFORMES STRUCTURELLES

Par rapport au projet du candidat socialiste, celui de Nicolas Sarkozy a au moins l’avantage de reposer sur des réformes que la gauche diabolise mais qui ont un immense avantage dans le contexte de la crise de la dette : grâce à la réforme des retraites (que M. Hollande veut « humaniser », ce qui forcément coûtera de l’argent), grâce aux plans d’économies, grâce à la réforme des universités qui sont désormais lancées dans une course à la recherche et donc à l’innovation, grâce à la révision des politiques publiques que M. Hollande récuse, la France est infiniment mieux armée pour franchir le cap de la crise qu’elle ne l’était il y a cinq ans. Il est regrettable que les partis entretiennent un climat de guerre civile permanente alors que, sur l’analyse, sinon sur les remèdes, ils sont à peu près tous d’accord, sauf les mouvements des deux extrêmes. Pour les Français, il n’est pas essentiel de savoir qui l’emportera, de la droite ou de la gauche. Ce qui importe, c’est que les réformes structurelles qui ont été mises en place avec tant de difficultés ne soient pas remises en cause à chaque élection présidentielle. Le chemin vers le redressement prendra une décennie. Soit encore deux quinquennats.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 9076