LUNDI MATIN, Nicolas Sarkozy recevait François Fillon, Jean-Pierre Raffarin et Jean-François Copé. L’histoire ne dit pas si le président et ses interlocuteurs ont mesuré l’ampleur de la défaite de l’UMP. Elle dit en revanche que M. Sarkozy est très remonté contre Jean-Louis Borloo, qui préconise le contraire de ce que veut le chef de l’État, c’est-à-dire une politique plus centriste de la majorité présidentielle ; contre Christian Estrosi, fidèle d’entre les fidèles, qui s’est permis de reconnaître une évidence, à savoir que la majorité en question va mal et a perdu dimanche dernier ; et contre François Baroin, son porte-parole, qui avait suggéré une heure auparavant d’abandonner les débats sur l’islam et la laïcité et a été contraint de modifier la teneur de ses propos dans la soirée.
L’OBSESSION DU FN DEVIENT TRAGIQUE POUR SARKOZY
Voilà donc le président obligé de baillonner des personnages de haut rang, ajoutant ainsi à la dérive de sa politique les inconvénients de la censure. Tous les membres de l’UMP devraient-ils en payer le prix, la stratégie adoptée par le chef de l’État, qui a fait long feu à l’occasion des cantonales, sera poursuivie jusqu’à la présidentielle. Les cantonales ne sont pas pour l’UMP le désastre incommensurable que la gauche, Marine Le Pen et les médias le répètent à satiété. Le PS va gagner trois à cinq départements de plus, ce n’est pas la fin du monde. Le FN fait un score de 12 %, il a déjà fait mieux. Il a obtenu deux sièges de conseillers généraux, pas de quoi se pâmer d’angoisse. Le plus grave, c’est l’abstentionnisme (55 %) qui indique la désaffection de l’électorat pour tous les partis politiques et pas seulement pour l’UMP, jugée par ailleurs responsable des conséquences de la crise économique et sociale. Le fait nouveau, ce n’est pas la victoire de la gauche, une constante dans toutes les élections intermédiaires, c’est que la droite sarkozyste n’amène même pas aux urnes ses électeurs traditionnels, qui préfèrent rester chez eux sans trop culpabiliser au sujet du boulevard qu’ils ouvrent du FN.
On a bien compris que, si les voix vont au Front, c’est en imitant le Front que M. Sarkozy espère les ramener vers lui. Mais enfin, il ne faut pas être polytechnicien pour admettre que cette stratégie ne marche pas et, pis, qu’elle augmente les forces dont se prévaut le Front national. Que des gens aussi divers que Borloo, Estrosi ou Baroin le constatent fait peser un soupçon sur l’entêtement surprenant, et même tragique, du président de la République. Lequel, en outre, semble se moquer comme d’une guigne des conséquences de son choix stratégique sur les relations entre les communautés ou de l’inquiétude que soulève la répression de certaines formes d’immigration et de comportements communautaires. De là les diverses provocations (ce ne sont pas des dérapages) auquel s’est livré son tout neuf ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, dans l’entre-deux tours, sans que M. Guéant ait pour autant freiné la progression du Front national.
Se pourrait-il que M. Sarkozy ait raison contre tous, se pourrait-il que sa stratégie de concurrence avec le FN donne des résultats au dernier moment, c’est-à-dire en 2012, ce qui obligerait critiques et censeurs à avaler leur chapeau ? Il nous reste un an pour le savoir. François Baroin, preuve que sa minute de liberté de parole n’a pas étouffé sa fidélité à Sarkozy, rappelait lundi sur les ondes que Jacques Chirac se situait à 12 % dans les sondages en novembre 1994, ce qui ne l’a pas empêché de triompher en 1995. Malheureusement, on se réfère constamment aux précédents historiques, comme s’ils devaient nécessairement se reproduire. Le miracle Chirac en 1995, le « siphonnage » des électeurs FN par Sarkozy en 2007, certes. Mais quoi ? Il y a, selon le résultat des cantonales, au moins douze points de pourcentage d’écart entre la gauche et la droite. Pour rattraper ce retard, l’UMP ne saurait se contenter d’aller chercher un maximum de trois ou quatre points au FN. Il lui faut surtout convaincre les abstentionnistes (55 % des électeurs) d’aller voter en 2012, et de préférence pour Sarkozy. Plus que la défaite des cantonales, ce qui devrait consterner le président, c’est cette série de sondages diffusés par France 2 dimanche dernier : contre tous les candidats socialistes, sauf Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy est devancé au premier tour par Marine Le Pen. Si le président a raison malgré tout ça, c’est sûrement un génie.
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