LA CRISE A ENTRAÎNÉ une série de jugements négatifs sur le fonctionnement de l’économie de marché, sur les outrances du libéralisme, sur l’énorme irresponsabilité des banquiers, sur les bonus et les parachutes dorés. Le système et ses acteurs ont parfaitement mérité la condamnation dont ils font l’objet car, si la loi était insuffisante, l’éthique eût suffi à empêcher la folie d’une construction financière strictement virtuelle. En même temps, cette folie a contribué pendant au moins sept ans à stimuler la croissance mondiale, à donner un certain bien-être aux personnes par le biais du crédit et à tirer les pays émergents de la pauvreté.
Soigner l’addiction.
On sait aujourd’hui qu’il a fallu une démultiplication incalculable du crédit pour obtenir ce résultat. Mais sans ce crédit, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie et d’autres n’auraient pas connu une certaine prospérité. Le crédit aura été une drogue. Quelques milliards de toxicomanes en ont tiré tout le plaisir possible. On oublie trop vite aujourd’hui que nous étions bien contents, jusqu’en 2008, de participer à cette orgie de crédit. Les banquiers, les dirigeants de grandes entreprises, les algorithmes échevelés qui diffusaient le poison dans le monde entier, tous, hommes et système, ont participé à l’extravagance avec le consentement tacite non seulement de ceux qui voyaient bien les dangers d’une croissance artificielle mais de ceux qui en bénéficiaient à un degré plus ou moins élevé. Désigner des coupables après coup, c’est oublier que chacun a sa part de culpabilité. Maintenant, il faut soigner l’addiction.
L’imagination n’est pas au pouvoir. Comment guérir d’une crise aiguë du crédit ? En limitant le crédit. Comment mettre fin à la folie ? En redevenant raisonnable. Comment reconstituer une capacité financière ? En mettant de l’argent de côté. Comment créer des emplois ? En investissant dans l’industrie. De même que les acteurs de la finance se sont lancés dans une frénésie de montages financiers pour aller chercher de l’argent qui ne correspondait à aucune richesse réelle, de même nous nous efforçons aujourd’hui de reconstituer du capital, de la vraie richesse. Ce qui contribue à limiter la croissance : si nous épargnons au lieu de consommer, les affaires ne reprendront pas.
Pas tout de suite. Ce qui compte, c’est le retour à la vertu. Les gouvernements confrontés à cette crise sans précédent depuis 1929 n’ont pas commis les erreurs de l’Amérique il y a 80 ans. Il n’ont pas augmenté les taux d’intérêt, ils les ont même baissés ; loin de punir les banques coupables, ils les ont soutenues, ce qui a évité d’immenses paniques populaires ; et loin d’assécher les circuits de l’argent, ils y ont injecté des capitaux. Ces efforts ont permis d’éviter un choc dont la planète ne serait peut-être pas relevée et qui nous aurait tous mis sur la paille, pauvres et riches. Malheureusement, le volume des toxic assets est tellement grand que les prêts insolvables continuent d’empoisonner le fonctionnement du marché. Si la confiance ne revient pas, c’est parce que tous les jours on annonce une nouvelle faillite (quand ce n’est pas une escroquerie de plusieurs milliards de dollars). Une tâche urgente consiste à créer des bad banks (selon un système qui a bien fonctionné et empêché le Crédit lyonnais de sombrer) où seraient réunis tous les actifs insolvables, qu’on apurerait avec le temps. Les Américains doivent le faire, les Européens aussi.
Obama a mis le paquet.
À partir de là, l’avenir serait moins sombre. La crise a entraîné une baisse des prix qui constitue à elle seule, en France et ailleurs, une augmentation naturelle du pouvoir d’achat ; des mesures adéquates et déjà prises en Europe et en Amérique devraient permettre aux propriétaires insolvables de logements de rester chez eux ; même s’ils ne sont pas coordonnés, les plans de relance européens, et le plan de Barack Obama (800 milliards de dollars) ne peuvent pas rester sans effet sur l’emploi. Le taux de chômage finira par se stabiliser au plus tard à la fin de l’année. L’épargne croissante (aux Etats-Unis comme en Europe) offrira de l’argent frais pour les investissements. Dès que des emplois seront créés, le travail deviendra la seule valeur sûre et remplacera pour longtemps les constructions capitalistiques qui nous ont fait tant de mal.
On n’y parviendra pas en un jour, ce qui signifie que la purge va causer encore beaucoup de souffrances. Il est vrai que les pays sont diversement exposés à la crise qui ravage plus l’Espagne ou l’Irlande que la France, pour ne prendre que ces exemples. Aussi bien devons-nous nous féliciter d’avoir conservé quelques atouts pendant la tourmente, de disposer d’un système de retraite et de santé qui, quoique lourdement déficitaire, maintient la tête des gens hors de l’eau, de disposer d’une épargne qui n’est pas négligeable, et de projets gouvernementaux d’investissement qui produiront de la richesse au-delà de 2009. Certes, il est plus facile de patienter quand on est nanti que lorsqu’on est privé de tout. Il n’empêche que le moyen le plus sûr de ne pas réaliser le scénario optimiste, c’est une conflagration sociale.
La baisse des prix augmente le pouvoir d’achat
SOUSTRAIRE LES ACTIFS TOXIQUES AUX CIRCUITS FINANCIERS
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