IL Y A DEUX ripostes possibles à la stagnation actuelle : ou bien le chef de l’État rallie la gauche de la gauche, oublie la dette et les déficits et s’engage dans la voie facile, mais désastreuse, de la dépense ; ou bien il lance une politique de l’offre, c’est-à-dire qu’il baisse le coût du travail, qu’il stabilise ou réduit la dépense sociale, et qu’il engage un vaste programme d’industrialisation appuyé sur les entreprises innovantes ou de haute technologie. La première des deux options lui vaudrait le ralliement de tous ceux qui lui empoisonnent la vie : les écologistes, la gauche du PS et l’extrême gauche. Elle présente deux immenses inconvénients : elle renforcerait le Front national qui, désormais, menace autant la majorité que l’opposition ; elle plongerait le pays dans une aventure périlleuse qui risque d’aboutir à une crise de régime. La seconde est, à notre avis, la plus sérieuse et la plus efficace, mais François Hollande n’a pas de majorité pour l’appliquer : une politique de l’offre le priverait du soutien d’une partie du PS, provoquerait une rupture avec les Verts, et serait rejetée par cette partie de l’opinion qui continue, encore aujourd’hui, à réclamer des miracles à l’État.
Les seize premiers mois de la présidence de M. Hollande ne nous permettent pas de croire qu’il aurait le courage d’affronter tant d’hostilité, d’autant qu’il lui faudrait aussi se renier lui-même. Les promesses électorales qui lui ont permis de triompher contenaient la faille qui rend aujourd’hui sa politique si friable. Tout porte à croire qu’il va plutôt s’accrocher, en réduisant moins vite les déficits, en exprimant, comme d’habitude, son optimisme et en tentant de galvaniser les foules. Bref, il va sans doute éviter de choisir, ce qui, du coup, rend improbable un changement de Premier ministre, ou toute autre action spectaculaire. Cela ne signifie pas que la gestion au jour le jour d’une crise qui commence à prendre une tournure violente, notamment en Bretagne, sera une partie de plaisir. La Commission de Bruxelles estimait mardi que les objectifs français de réduction du déficit budgétaire ne seraient pas tenus : 4,1 % en 2013, 3,8 en en 2014, 3,7 en 2015. Or notre engagement, révisé en baisse grâce à l’indulgence de l’Union, était un déficit inférieur à 3 % en 2015. En revanche, Bruxelles prévoit une croissance de 0,2 % cette année, 0,9 % l’année prochaine et 1,7 % en 2015. C’est cet horizon que regarde le président, qui continue de croire que nous avons touché le fond et que la France va remonter comme un ludion.
Il faudrait encore beaucoup de renoncements pour naviguer dans cette tempête sans prendre de décision politique et sans obtenir de résultats pendant encore dix-huit mois. On n’oublie ni les promesses du candidat ni celles de son entourage. Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, secrétaire nationale à l’économie au PS, encensée à gauche pour son savoir et son talent, ne disait-elle pas il y a un an que l’objectif des 3 % en 2013 « ne peut et ne pourra pas être dépassé » ? Le mois dernier, Pierre Moscovici, ministre de l’Économie, affirmait que le déficit l’année prochaine serait contenu à 3,6 % en 2014 et à 3 % en 2015. Nous continuons à emprunter chaque année quelque 200 milliards d’euros sur les marchés. Le taux de chômage augmente. Au lieu de prendre la crise à bras-le-corps, de reprendre en main sa majorité, d’imposer un autre programme, le président sera tenté, hélas, de gagner du temps. Lui en reste-t-il ?
LE PRÉSIDENT RISQUE, ENCORE UNE FOIS, DE VOULOIR GAGNER DU TEMPS
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