ON NE NÉGLIGERA pas l’atout de ces États-voyous que sont la Corée du Nord et l’Iran : leurs dirigeants peuvent dire et faire à peu près tout ce qu’ils veulent, bafouer les règles les plus élémentaires de la bienséance diplomatique, brandir des menaces outrageusement disproportionnées par rapport à leurs capacités économiques et même militaires, insulter des peuples avec les mots les plus putrides de leur langage et ne pas payer le moindre prix pour leur conduite. Kim Jong-Il, le dictateur de PyongYang a 67 ans, il est malade et fatigué, il projette de mettre au pouvoir son plus jeune fils, âgé de 26 ans, et il ne sait plus quel scandaleuse conduite attirera l’attention sur lui. Après avoir conclu en 2007, sous l’égide de Pékin, un accord par lequel la Corée du Nord renonçait à l’arme atomique, en dépit d’un premier essai nucléaire effectué en 2006, après avoir commencé à démanteler sa centrale de Yongbyon, le régime nord-coréen a décidé ces dernières semaines de procéder à un nouvel essai, apparemment plus convaincant que le premier, tiré des missiles au-dessus de la tête des Japonais et menacé d’attaquer le Sud, dirigé par un président conservateur qui a aboli la politique de rapprochement avec la Corée du Nord lancée par son prédécesseur.
Un besoin maladif de respect.
Kim Jong-Il estime qu’il est n’est pas traité avec assez d’égards par les États-Unis et réclame des avantages économiques et commerciaux considérables en échange des précédentes concessions qu’il a faites ; peut-être aussi croit-il que Barack Obama est un président plus compréhensif que George W. Bush. En tout cas, par ses récentes rodomontades, il a perdu le soutien de la Chine et de la Russie. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il risque d’être laminé par une guerre, ni même par des sanctions extrêmes de l’ONU, fidèle à elle-même dans sa passivité et sa lenteur, dirigée par un secrétaire général, Ban-Ki-Moon, d’origine sud-coréenne, plus préoccupé par en ce moment par le Sri Lanka que par la menace de conflagration qu’agite Kim Jong-Il. Jamais, peut-être, les Nations unies n’auront semblé aussi inefficaces. Les diplomates, néanmoins, savent que l’ONU ne commence à entamer des actions utiles que lorsque le monde est dirigé par une superpuissance unique, comme ce fut le cas après la démantèlement du bloc soviétique (mais avec l’inconvénient de la pax americana) ou si un consensus peut être obtenu au Conseil de sécurité. Un tel consensus est cette fois possible, dans la mesure où les provocations du gnôme de Pyong Yang irritent Moscou et inquiètent la Chine, très attachée à la stabilité du monde en période de croissance plus faible. Les Chinois se consacrent au développement économique et n’entendent pas être entraînés dans le précipice par un vieillard déséquilibré qui est incapable de nourrir convenablement ses concitoyens. On ne peut pas dire non plus que les Russes soient le moins du monde intéressés par un foyer de tension qui risque de porter préjudice à leur propre stabilité, en contraignant les Américains à augmenter leurs effectifs et leurs flottes en Asie.
Cependant, même dans un climat consensuel, l’ONU ne peut adopter que des sanctions économiques qui s’ajouteraient à celles qui existent déjà, ce qui voudrait dire d’ailleurs que le peuple nord-coréen, jamais à l’abri de la pauvreté et même de la famine, paierait seul les conséquences des folies de son gouvernement. On ne voit donc pas se dessiner une solution à l’horizon, d’autant que la Corée du Nord possède le régime le plus autoritaire du monde et qu’il ne s’y produira pas une salutaire révolution.
Un avant-goût.
En même temps, Kim nous donne un avant-goût de ce qui se produira quand l’Iran disposera de la bombe et des vecteurs capables de l’envoyer en Israël et en Europe. On est assuré que les provocations, l’arrogance et les menaces de Mahmoud Ahmadinejad, si toutefois il est réélu en août, parviendront à un paroxysme qui risque bel et bien de déclencher un conflit avec Israël. Avec le Pakistan, où une révolution talibane assurerait aux terroristes les plus dangereux la possession de la bombe, nous avons un tableau général infiniment plus angoissant que la récession dont souffre l’Ocident en ce moment.
S’ajoute à notre inquiétude le climat ubuesque dans lequel se déroule la litanie des accusations, mensonges, insultes proférées par Kim et par Ahmadinejad. Leur loghorrée totalitaire est intarissable et exclut toute présomption qu’ils pourraient avoir un brin de responsabilité. Cent quinze ans après la création d’Ubu roi au théâtre de l’uvre, ils rendent tous deux un hommage appuyé à Alfred Jarry en se comportant comme des personnages encore plus scandaleux que celui de la pièce. Ils ont déjà commis assez de crimes, notamment contre la morale et la décence, pour faire de leur prédécesseur imaginaire un bien pâle exemple.
Que, face ces gangsters politiques, le monde ne trouve ni les mots ni les actes qui les amèneraient à résipiscence, est certes confondant. Le seul espoir qui nous reste vient de ce que personne, même pas les éléphants que taquinent ces deux guêpes, n’ont vraiment envie de se lancer dans un conflit dont les conséquences économiques et géopolitiques seraient désastreuses, même si, au terme d’une guerre, le régime de PyongYang ou celui de Téhéran étaient changés. La seule politique valable repose sur le containment, tel qu’il a été appliqué au bloc soviétique jusqu’au moment où il a implosé. Patience.
Kim Jong Il ferait n’importe quoi pour attirer l’attention
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