ILS ONT 65, 62 et 60 ans et pour ces trois médecins ardennais privés de ligne téléphonique pendant plusieurs semaines, la rengaine des patients est la même : « il a dû partir à la retraite ».
Depuis septembre, deux généralistes et un pédiatre de ce département limitrophe de la Belgique se retrouvent victimes d’un imbroglio technique entre deux opérateurs : SFR et Orange.
À la suite d’un dégroupage de lignes imprévu, les trois praticiens, clients chez Orange, reçoivent chacun à domicile une « box » de SFR, soit une offre Internet, téléphone et télévision. Dans une lettre, on les remercie d’une commande dont ils ignorent l’existence. Tous pensent à une erreur de destinataire. « Mais du 1er septembre au 7 octobre, ma ligne a été coupée au prétexte que j’avais souscrit à SFR, enrage le Dr Jean-Marie Pierre, médecin généraliste à Sedan. Impossible de les joindre ! Comble de la plaisanterie, Orange m’a demandé 40 euros pour finalement rétablir ma ligne plusieurs semaines après alors qu’en en cas de problème technique, mon contrat professionnel chez eux m’assure une intervention… sous huit heures ! ».
Un pédiatre et un boucher victimes.
Certains patients du Dr Pierre, inquiets, se sont déplacés au cabinet médical. Ceux âgés, vivants seuls et atteints de polypathologies, sont restés dans l’ignorance pendant 48 heures. Pour deux cas « un peu limite », la coupure téléphonique aurait pu avoir des conséquences graves, s’émeut le Dr Pierre. À défaut d’être joignable, le médecin a effectué 25 % de visites et de consultations en moins qu’en 2012 à la même période.
À Aubrives, village de 1 000 habitants du nord du département, on a aussi « écrasé la ligne » fixe du Dr Pierre Mortellaro. Urgentiste SAMU et médecin-chef des pompiers de Charleville-Mézières (à plus de 50 kilomètres), le généraliste dit avoir « bien angoissé » de cette situation. Le Dr Mortellaro a divulgué à la radio locale, aux confrères et au pharmacien son autre numéro professionnel dès qu’il a pris conscience des risques pour ses patients. « Pour vous dire le sérieux de l’affaire, témoigne-t-il, l’un d’entre eux a dû être hospitalisé en urgence. Il faisait un infarct’ et sa femme n’arrivait pas à me joindre ! »
Dans la petite ville voisine de Givet, un pédiatre et un boucher subissent toujours les frais de ce dégroupage intempestif. Exerçant à mi-temps en France, le Dr Pierre Leonard a dû transmettre son numéro belge aux Ardennais. Six semaines que ça dure. Le médecin tente d’en rire – « Le système français est foutu ! » – avant de déplorer « une rupture de contrat affectif » avec ses patients.
Les trois médecins veulent saisir la justice pour « rupture de contrat abusif » d’une part, « vente forcée » d’autre part. Laisser tomber ? « Ce n’est pas le genre de la maison ! », conclut, bravache, le Dr Pierre.
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