Oui, le tableau politique général est bizarre. La crise a fini par ébranler les institutions. Le compte de la majorité n’y est pas : les objurgations, d’ailleurs sévères, du chef du gouvernement, les appels à la raison lancés par Michel Sapin ou Bruno Le Roux, chef du groupe socialiste à l’Assemblée ou par Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État pour les relations avec le Parlement, n’ont produit aucun résultat. De Laurent Baumel à Pascal Cherki en passant par Henri Emmanuelli et Jérôme Guedj, ils campent sur leurs positions en rejetant avec indifférence les accusations de déloyauté que le pouvoir lance contre eux. Entre les loyalistes majoritaires et les « frondeurs », le ton est monté ces derniers jours et leur « dialogue » est plus virulent qu’entre le gouvernement et la droite. On ne sait pas très bien jusqu’où ira le schisme et s’il finira par provoquer une crise de régime. Mais on sait qu’il est pratiquement impossible, pour le président Hollande, de conduire une politique de redressement dans un climat où il est combattu à la fois par la droite, par les Verts (qui s’en donnent à cœur joie depuis qu’ils ne participent plus au gouvernement), par l’extrême gauche et par une fraction des socialistes.
D’où vient cette incompréhension entre M. Hollande et une partie des députés socialistes ? Un commentaire fréquent accorde au chef de l’État une continuité sociale-démocrate dont il ne se serait jamais départi. Fils spirituel de Jacques Delors, il serait voué à faire la politique de l’ancien président de la Commission européenne. C’est oublier ses 60 promesses électorales, sa campagne furieusement à gauche, son « seul ennemi, la finance », sa taxe à 75 % (destinée à couper l’herbe sous le pied de Jean-Luc Mélenchon). Les jeunes socialistes que la victoire de Hollande, en 2012, a fait entrer à l’Assemblée ont voulu croire que les promesses électorales étaient inscrites dans le marbre, que le nouveau président ne se déroberait pas. Pendant les premiers mois de son mandat, il a lancé les réformes qu’ils attendaient, notamment sur le plan fiscal. On nous explique que, après avoir donné quelques gages à la gauche, le président de la République est revenu à ses fondamentaux, social-démocratie ou même social-libéralisme, aux idées qu’il avait exposées dans ses livres. C’est possible. Mais n’est-il pas plus vrai de dire qu’il a réalisé, après la rapport Gallois, que le laxisme dépensier conduirait le pays à la ruine et qu’il devait prendre un tournant en épingle à cheveux ? Tournant qu’il n’a vraiment amorcé qu’à la fin de 2013 en croyant qu’il pouvait faire ce qu’il voulait et transformer de fond en comble sa politique économique et sociale parce qu’il est protégé par les institutions de la Ve République. Ce que sont en train de lui dire les dissidents socialistes, c’est que les institutions, ils s’en moquent. Ils ne sont pas loin d’éprouver pour lui l’aversion qu’ils auraient pour un Sarkozy. Ils trouvent d’ailleurs des points communs aux deux hommes, notamment depuis que M. Hollande a pressenti Jacques Toubon, l’ancien ministre chiraquien de la Justice, pour remplacer le défunt Dominique Baudis au poste de Défenseur des droits. Ouverture !, clament-ils, sans se douter que le Défenseur des droits ne fait pas partie du gouvernement. Mais peu importe : M. Hollande est devenu, pour la gauche dissidente et l’extrême gauche, l’homme à abattre.
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