Un État stratège qui mise sur les acteurs de terrain (médecins, patients…) pour lever les blocages : tel est le credo que défend Étienne Caniard dans un ouvrage* publié aujourd'hui qui invite à l'optimisme, tout en dressant un bilan implacable des nombreux dysfonctionnements du système de santé.
Si le patron de la Mutualité – pour une semaine encore – se dévoile comme jamais (son milieu modeste, son premier neurinome de 5 centimètres qui lui a fait perdre une oreille, handicap qui se transforme en atout, son goût précoce pour… la fiscalité, la découverte du militantisme), c'est pour éclairer son impressionnant parcours et les valeurs qui lui tiennent à cœur au premier rang desquelles la solidarité et la confiance dans le progrès.
Au fil de ce livre de 240 pages, le patron de la FNMF – qui occupa des postes à responsabilités au sein du Haut comité de la santé publique, de l'assurance-maladie ou de la HAS – puise dans son expérience, nourrie d'anecdotes, pour inviter à la réflexion et à l'action. Il invite à combattre les rumeurs et les idées fausses (sur la vaccination, les génériques…), sortir des postures (sur la fraude par exemple), faire un bon usage du progrès médical, ou remédier aux désordres du médicament (« l'autorisation de mise sur le marché a perdu tout son sens », « il faut simplifier les taux de remboursement »). Le pilotage de la santé doit selon lui être décentralisé, la démocratie sanitaire renforcée et les comportements vertueux encouragés. L'expert regrette les lois « aussi bavardes qu'inutiles » et observe que les déficits sont passés de « 10 milliards de francs à 10 milliards d'euros dans l'indifférence générale »…
Mieux valoriser la qualité
Les médecins, qui ont souvent la dent dure contre le patron des mutuelles, quasi-incarnation du tiers payant et des réseaux, trouveront des pages sur la nécessité de « ne pas survaloriser les actes techniques au détriment de la clinique », le coût des prescriptions, la ROSP, la convention nationale avec laquelle il faut « en finir », le mercenariat à l'hôpital, l'opportunité aussi que constitue la révolution numérique.
Faut-il supprimer les complémentaires ? Étienne Caniard juge, un brin provocateur, que la piste ne doit pas être écartée dans l'absolu. Mais il défend plus volontiers l'idée de confier aux complémentaires une partie de la gestion du risque et de les autoriser à passer des accords directs avec les praticiens « non pas pour sélectionner les médecins » mais pour « mieux valoriser les pratiques de qualité ».
Au moment de tourner la page de la Mutualité, celui qui fut aussi un des artisans de la loi sur les droits des malades plaide finalement pour une médecine plus humaine, « sobre dans ses moyens d'action et ambitieuse dans ses résultats ».
« Mieux soignés demain !». Éditions Cherche Midi, 238 pages, 16 euros (avec la collaboration du journaliste Éric Favereau).
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