Le risque de mortalité (c'est-à-dire le risque de décès l’année suivante) est deux fois plus élevé chez les personnes transgenres que dans la population générale. C'est ce que montre une étude de cohorte nationale rétrospective menée aux Pays-Bas et décrite dans le « Lancet Diabetes and Endocrinology ».
Surtout, ce risque accru de mortalité n'a pas diminué au cours des dernières décennies et ne semble pas associé au traitement hormonal. Des précédentes études avaient déjà mis en évidence une moins bonne santé des personnes transgenres et un moins bon accès aux soins. Santé publique France avait récemment rapporté qu'un quart des personnes transsexuelles ont déjà renoncé à consulter un médecin. L'étude hollandaise est la première à avoir un suivi de mortalité aussi long.
Un risque accru de décès par maladies cardiovasculaires
Au total, 4 568 personnes transgenres − 2 927 femmes et 1 641 hommes − ayant reçu un traitement hormonal ont été incluses dans l'étude. Elles ont été prises en charge au sein de la clinique de l’identité de genre du Centre médical universitaire d’Amsterdam entre 1972 et 2018. L’âge moyen à l'initiation du traitement hormonal était de 30 ans chez les femmes transgenres et de 23 ans chez les hommes transgenres, avec un suivi moyen de 11 et 5 ans respectivement.
Lors du suivi, au cours duquel aucune amélioration n'a été observée en termes de mortalité, 10,8 % de femmes transgenres (hommes devenus femmes) et 2,7 % des hommes transgenres (femmes devenues hommes) sont décédés. Chez les femmes transgenres, le risque de mortalité est ainsi 1,8 plus élevé que chez les hommes de la population générale et 2,8 plus élevé que chez les femmes de la population générale. Et chez les hommes transgenres, ce risque est 1,8 fois plus élevé que chez les femmes de la population générale. En revanche, il n'était pas significativement supérieur au risque des hommes de la population générale.
Chez les femmes transgenres, l'augmentation de la mortalité est principalement liée à un risque accru de décès attribuable à des maladies cardiovasculaires, à une infection VIH, au cancer du poumon et au suicide. Et chez les hommes transgenres, l'augmentation du risque était liée à un risque accru de décès de cause autre que l'âge ou une maladie (suicide, homicide, accident...).
Continuer de surveiller la sécurité des traitements hormonaux
Ces résultats doivent inciter à améliorer les soins des personnes transgenres. Pour le Pr Martin den Heijer, endocrinologue et auteur senior de l'étude, « une meilleure acceptation sociale, la surveillance et le traitement des maladies cardiovasculaires, du tabagisme et du VIH continueront d’être des facteurs importants pouvant contribuer à réduire le risque de mortalité chez les personnes transgenres ».
Et si la plupart des causes de décès observées ne sont pas liées à un traitement hormonal affirmant le genre, le Pr den Heijer reste prudent : « Ces traitements sont considérés comme sûr. Toutefois, comme il n’y a pas suffisamment de données probantes pour déterminer leur innocuité à long terme, il est nécessaire d’effectuer d’autres recherches pour déterminer si ces substances ont une incidence quelconque sur le risque de mortalité chez les personnes transgenres ».
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