Interdiction des écrans avant 3 ans et des écrans 3D avant 5 ans, interdiction avant de s’endormir ou pendant les repas, ou encore absence dans la chambre et accompagnement des usages. Dans un rapport publié mercredi, le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) émet une série de recommandations sur l’exposition aux écrans des enfants et des adolescents.
Soulignant qu’il n’est pas en mesure, dans un contexte de croissance des études aux résultats parfois contradictoires, d’apporter des « conclusions sûres et unanimes pour tous les paramètres étudiés », le HCSP insiste sur la mise en œuvre de principes généraux qui doivent encadrer l’usage des écrans pour les enfants et les adolescents. Car, si les écrans peuvent se révéler bénéfiques dans des situations précises, comme l’apprentissage, ils comportent des risques potentiels et des effets variables selon les âges.
Délimiter et accompagner les usages
À partir de 3 ans, il s'agit plutôt de réguler leur utilisation, en fixant un objectif précis et en délimitant des temps à l’usage de l’écran. Il s’agit également de contrôler les contenus visionnés et d’accompagner les usages. La présence d’un adulte « capable de contextualiser et de discuter les résultats des interactions écran-utilisateur » apparaît impérative, insiste le rapport. Les adultes doivent par ailleurs « montrer l’exemple » et ne pas « être accaparés par les écrans en présence des enfants ». Ils doivent aussi veiller à ce que les activités liées aux écrans ne nuisent pas aux autres activités, physiques notamment.
Au-delà de ces recommandations générales, les auteurs notent qu’ « entre affirmation populaire, principe de précaution, point de vigilance, bon sens ou résultats scientifiques, il est difficile de se forger un avis objectif et éclairé », d’autant que les effets analysés dans la littérature scientifique sont d’une grande variété : sommeil, activité physique, développement cognitif, santé, vision, audition ou encore dépression.
Un effet avéré sur le sommeil
Ainsi, si les effets sur le sommeil, quand l’usage journalier est supérieur à 2 heures ou juste avant de dormir, est bien documenté et avéré, ceux sur la vision et l’audition par exemple ne font pas l’objet d’un consensus par manque d’études et de preuves d’effets.
Concernant les fonctions cognitives et langagières et la santé mentale, les essais randomisés contrôlés et les études longitudinales font « cruellement » défaut, tant les résultats disponibles apparaissent « contradictoires » : « Certains travaux observent des effets négatifs sur l'acquisition du langage alors que d'autres notent des améliorations des apprentissages », observe le HCSP, soulignant un point de convergence sur « l'importance de l'interaction entre l'enfant et l'adulte lors de l'utilisation de l'écran ».
En termes de troubles de la santé mentale et de conséquences sur les relations familiales et sociales, les résultats peuvent également être contradictoires et « font apparaître des déterminants liés à la vulnérabilité des adolescents et liés à leur environnement éducatif et socio-économique », indiquent les auteurs.
Une association entre temps devant un écran et surpoids/obésité
Une association, bien que variable selon le type d’écran, est en revanche observée entre le temps passé devant les écrans et le surpoids ou l’obésité. « Le temps passé devant la télévision est associé à des prises alimentaires augmentées, un temps de sommeil réduit et une qualité de sommeil altérée », peut-on lire. Mais, là encore, les déterminants socio-économiques sont « fortement » impliqués.
En matière de troubles émotionnels, affectifs et de bien-être, un effet dose-réponse est constaté. « Si l'utilisation excessive d'internet est associée à des troubles émotionnels, les travaux les plus récents font l'hypothèse que les enfants vulnérables sont ceux qui utilisent le plus internet et les réseaux sociaux », détaille le rapport, qui souligne une relation bi-directionnelle et dépendante du type d’écran et des contenus.
La nécessité d’approfondir la recherche
Sur ce dernier point, la question de l’exposition à des contenus violents, dans les jeux vidéo notamment, apparaît « non résolue ». Mais, « au-delà de la violence des contenus des jeux, l'interaction entre cette violence et la compétition qu'ils instaurent serait prédictive de l'agressivité des jeunes joueurs », est-il souligné. Concernant les contenus sexuels et pornographiques, « le niveau de maturité et d'éducation des enfants et des adolescents est mis en avant comme facteur majeur des effets de cette exposition sur leurs comportements sexuels », poursuit le rapport.
Autre effet scruté, celui sur les résultats scolaires. Si l’usage, sans objectif ciblé, apparaît néfaste, « les adolescents qui consultent internet pour leur travail scolaire ont de meilleurs résultats que leurs congénères qui ne le font pas », est-il souligné. Comme d’autres, cet aspect met en évidence le poids des déterminants sociaux, comme le niveau de revenu des parents ou leur capital scolaire et culturel.
Ainsi, à côté de la nécessité de développer la recherche pluridisciplinaire, le HCSP recommande aux autorités sanitaires de mettre en place des mesures de « soutien aux habiletés parentales ». L’objectif doit être de permettre le repérage des signes d’alerte d’une utilisation excessive, que sont la somnolence, l’isolement ou la baisse des performances scolaires. Les aides disponibles, comme le site Net Écoute et son numéro vert (0800 200 000), doivent également être promus.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce