À EN JUGER par le ton outré des féministes, par les critiques de la majorité, par le peu d’enthousiasme que lui témoignent les socialistes, sauf ses amis historiques, M. Strauss-Kahn devrait se dire aujourd’hui qu’il aurait mieux fait de s’abstenir. Il a certes surfé sur un sujet scabreux avec le maximum de dignité possible. Mais son plaidoyer pro domo, bien qu’inévitable, est apparu comme « fabriqué ». Son interprétation du document rédigé par le bureau du procureur de New York est exagérée. C’est un non-lieu, ce n’est pas un texte qui l’innocente vraiment ; l’idée de « complot », qu’il a suggérée, sera impossible à prouver et, pour le moment, ne séduit guère ; son apparent refus de s’immiscer dans la campagne de la primaire ne l’a pas empêché de faire officiellement référence, et pour la première fois, au « pacte » qui le liait à Martine Aubry. Cet « aveu » dont il a eu tout le temps de peser les termes contient une flèche contre celle dont il se dit l’ami. Elle, pour sa part, avait nié l’existence du pacte, pour ne pas apparaître comme une candidate de substitution. La voilà rangée dans cette catégorie, donc objectivement moins crédible.
Encore son ego.
Pourquoi DSK a-t-il commis cette nouvelle erreur, alors qu’il souhaite la victore de Mme Aubry et non celle de François Hollande ? Parce que, s’il admet avoir manqué « un rendez-vous avec les Français », il veut aussi rappeler que son élection à la présidence de la République aurait été pratiquement une formalité. Derrière l’humilité de la plupart de ses propos, pointent un ego démesuré et, très probablement, une complaisance à l’égard de son incontrôlable conduite, celle-là même qui a fait hurler les féministes. L’entetien avec Claire Chazal a été écrit sur du papier à musique, il a été calibré, agencé, minuté, ordonné (avec un temps pour chaque sujet), il n’en contenait pas moins les inconvénients du genre. DSK ne pouvait se défendre sans accabler la victime ; ne pouvait rappeler sa popularité sans peser sur la candidature actuelle de Martine Aubry ; ne pouvait mentionner l’existence possible d’un « piège » ou d’un « complot » sans déclencher à droite un feu d’artillerie très nourri.
LE SILENCE ETAIT PREFERABLE A LA PLAIDOIRIE
C’est évident depuis le début : il aurait dû se taire et prendre une retraite d’au moins quelques mois. Il a voulu trop tôt démontrer qu’il a gardé toute sa vigueur intellectuelle et physique. À tort ou à raison, il croit compter encore dans la vie politique française. Au-delà des attaques dont il continue de faire l’objet (et dont il se plaint en ouvrant un champ de bataille avec un hebdomadaire dont il dénonce le harcèlement), il tirera de la satisfaction de l’audience de plus de treize millions de téléspectateurs qu’il a obtenue. Que le peuple soit curieux, intrigué, essaie d’en savoir plus, que des Français aient espéré l’impossible, par exemple, une description détaillée des quelques minutes fatidiques, c’est bien possible. Cela ne signifie pas pour autant qu’il reste la moindre chance que, DSK, cette année, puisse jouer un rôle politique.
Il aura cherché trop tôt à rebondir, alors que l’affaire Tristane Banon n’est pas du tout réglée et qu’un procès civil à New York va s’ouvrir à New York. Dans un monde où la calomnie suffit à briser une carrière, un résidu de soupçon et a fortiori une hostilité nourrie par son machisme ne risquent pas de la prolonger. Ce que l’on apprend de l’entretien télévisé, c’est principalement que Claire Chazal a fait un joli coup d’audience. Pourtant l’événement ne suffira pas à remettre DSK en selle. Il a certes payé très cher l’incident du Sofitel : il aura été ruiné moralement, professionnellement et politiquement. Ce qui ne signifie pas qu’il existe une date-limite pour la période de purgatoire. DSK est libre, il est riche, il n’est pas vraiment à plaindre. Entre lui et les Français, il y avait une sorte de magie avant le 14 mai. Elle a disparu et cette magie, on ne la retrouve pas en brandissant le texte d’un procureur, en se livrant à la contrition ou en pénétrant dans le marigot politique.
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