« QUICONQUE a besoin de soins médicaux curatifs ou préventifs ne doit pas risquer la ruine financière », affirme la directrice générale de l’OMS, Magaret Chan, dans le préambule du rapport sur la santé dans le monde. La couverture universelle, tel est « l’objectif admirable et réalisable » que doivent se fixer tous les gouvernements, riches ou pauvres. C’est aussi un défi, dans un contexte de récession économique et, parallèlement, d’augmentation des coûts des soins, liée au vieillissement de la population, à l’augmentation des maladies chroniques, et au développement de nouveaux traitements plus chers.
Mais l’OMS se veut optimiste : « Tous les pays, à toutes les étapes de leur développement, peuvent prendre des mesures immédiates pour progresser plus rapidement vers la couverture universelle », estime Margaret Chan. Le rapport se présente donc comme un mode d’emploi pour accompagner les gouvernements dans la réalisation de leurs objectifs. Et entend répondre à trois problèmes fondamentaux : une médiocre disponibilité des ressources, leur utilisation inefficace et une dépendance excessive aux paiements directs.
Des fonds à mieux répartir
« Dans bien des cas, les gouvernements pourraient allouer davantage d’argent à la santé », juge l’OMS. La disponibilité des ressources est en effet affaire de volonté politique : si les 49 pays les plus pauvres du monde consacraient 15 % de leur budget à la santé, les fonds doubleraient. Une meilleure collecte des impôts, limitant l’évasion fiscale, irait également dans ce sens. De nouvelles recettes pourraient enfin être dégagées grâce à des taxes sur les billets d’avions, les opérations de change, ou le tabac. Par exemple, l’Inde, qui possède un important marché de change, pourrait collecter 370 millions de dollars par an en appliquant une taxe de 0,005 % sur les transactions en devises.
Posséder des ressources est une chose, mais savoir les utiliser en est une tout autre, aussi, voire plus, importante. L’OMS estime que de 20 % à 40 % des ressources dépensées en matière de santé sont gaspillées. « Avant de rechercher les postes de réduction des dépenses en matière de soins médicaux, cherchez d’ abord les occasions d’améliorer l’efficacité », conseille Margaret Chan aux gouvernements. Le rapport recense ainsi dix domaines dans lesquels l’efficacité peut être améliorée, à commencer par les médicaments. La France a ainsi réussi, grâce à la promotion des génériques, à économiser près de deux milliards de dollars en 2008. Les soins hospitaliers sont également concernés : ils représentent entre la moitié et les deux tiers des dépenses publiques des pays pour la santé, mais leur inefficacité coûte près de 300 milliards de dollars chaque année.
Suppression des paiements immédiats
La couverture universelle restera un vain mot tant que le paiement direct restera aussi répandu, estime l’OMS. « Dans les pays où le financement de la santé est en grande partie assuré par la facturation des soins aux usagers eux-mêmes, les frais de santé acculent chaque année 100 millions de personnes à la pauvreté », établit le rapport. Les États pauvres sont les plus touchés, mais pas seulement : aux États-Unis, 62 % des faillites des familles sont liées aux factures médicales. Contre ce fléau, l’OMS encourage les gouvernements à mutualiser les risques et à développer le prépaiement, grâce aux assurances ou aux taxes. Les malades ne seront ainsi pas les seuls à supporter la charge financière.
L’OMS envisage ces objectifs comme autant d’étapes sur le chemin de la couverture universelle et incite chaque pays à en réaliser au moins un. Elle rappelle in fine à la communauté internationale, en particulier les gouvernements du Nord, son devoir de soutien auprès des pays pauvres.
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