ON A EU TÔT FAIT, alors, d’envisager la perspective d’une défaite de M. Obama. Jeudi dernier, un débat moins important opposait le vice-président, Joe Biden, à Paul Ryan, 42 ans, candidat à la vice-présidence. M. Biden a été beaucoup plus offensif que son patron, et il a au moins réussi sur l’essentiel : ne pas perdre, ce qui aurait privé le président en exercice de ses derniers atouts. Une analyse un peu plus fine des enquêtes d’opinion réalisées après le 3 octobre indique que, si Mitt Romney a pris l’avantage sur Barack Obama en voix populaires, il est battu dans les swing states, ceux qui assureraient au chef de l’exécutif une majorité au sein du collège électoral et donc la réélection.
UN DEBAT Q’UOBAMA NE PEUT PAS PERDRE
Ce qui a disparu, en revanche, et la prestation de M. Ryan a été assez bonne, jeudi, pour confirmer cette impression, c’est que la candidat républicain est parvenu à s’extraire de la très mauvaise réputation qu’il s’est faite en multipliant les bourdes, les gaffes, les erreurs de jugement et en refusant pendant trop longtemps de faire toute la lumière sur ses comptes personnels (il paie très peu d’impôts pour des revenus très élevés). Naguère prisonnier des exigences du Tea Party et de la branche la plus conservatrice du camp républicain, M. Romney s’est brusquement recentré, prenant par surprise son adversaire qui, le lendemain reconnaissait lui-même qu’il avait eu affaire, pendant le premier débat, à un « type » complètement différent de celui qu’il attendait. M. Ryan, en revanche, a défendu les thèses habituelles du Tea Party, qui veut pratiquement mettre un terme à la dépense publique et réaliser des économies indispensables en détruisant un filet social déjà fort peu généreux. MM. Romney et Obama ne reviendront pas, ce soir, sur ces dossiers, mais il est essentiel que Barack Obama apparaisse comme le vainqueur du débat. Il n’est plus, selon une expression américaine, « in the driver’s seat », il n’occupe plus la place du conducteur dans la campagne électorale et si, en définitive, il gagne la présidentielle, ce sera avec une marge très étroite. La nuit du 6 novembre sera longue.
Ce qu’il manque aux républicains.
L’accès soudain de faiblesse de M. Obama est alarmant pour ces « 47 % d’Américains » que M. Romney considère comme des assistés dont il refuserait le vote, non pas parce que le chef de l’exécutif a accompli un mandat en tous points impeccable, mais parce que l’alternative à Obama serait un désastre pour les droits de l’homme, pour les chômeurs et les précaires, pour l’environnement, pour la stabilité du monde (M. Romney envisage déjà une guerre avec l’Iran). Nous avons pris position à plusieurs reprises sur ce point essentiel : il manque au parti républicain un leader de centre droit capable de dépasser l’influence des évangélistes, du Tea Party et des forces politiques qui militent, en quelque sorte, en faveur des inégalités sociales. M. Obama n’avait pas une formation politique suffisante quand il a été élu en 2008, même s’il était sénateur de l’Illinois. Il a sous-estimé la complexité des relations entre le président et le Congrès. Il a perdu en 2010 le contrôle de la Chambre des représentants.
Il a affronté en outre la campagne de diffamation la plus acharnée qui ait été organisée contre un président. Il a été décrit comme « unamerican », et un groupe de citoyens a pris le nom de « Birthers » parce qu’il continue à affirmer que le président n’a pas nationalité américaine, en dépit du certificat de naissance que M. Obama a été contraint de publier. Ce déni de légitimité infligé au président cache la rancune tenace de ceux qui n’ont jamais accepté qu’un métis dirige le pays. Aujourd’hui, on sait quelles forces fanatiques et peu soucieuses des libertés une défaite de M. Obama ferait émerger, quelles incertitudes leur diplomatie soulèverait dans le monde, avec quelle cruauté les classes moyenne et pauvre seraient traitées dans un pays assez riche pour donner à tous les moyens de vivre décemment mais qui laisse se développer en son sein un tiers-monde parce qu’ils ont une théorie de la supériorité de l’individu sur le groupe.
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