MÊME LA PRESSE française s’y met qui, au nom de l’objectivité, souligne que M. Obama a déçu son électorat et se familiarise avec l’idée d’une victoire de M. Romney. Assurément, le président sortant ne saurait reprendre son slogan de 2008 : « Yes, we can ! ». Mais il ne faut pas être un immense politologue pour savoir que tous les dirigeants des pays occidentaux frappés par la crise ont déçu eux aussi. Nombre d’éditoriaux parus dans nos journaux accordent à Mitt Romney le crédit que lui vaut sa cote de popularité, à peine un peu au-dessous de celle de son adversaire. Incontestablement, M. Romney a fait le plein de tout l’électorat conservateur, mâle et religieux et de son aile droite, le Tea Party, avec lequel, pourtant, il n’a aucune affinité : s’il est prêt à diminuer les impôts, ce que réclame le Tea Party, il n’est pas l’ennemi des oligarques, des banques et des très grandes entreprises que le mouvement populiste souhaite amener à résipiscence.
Si Romney était élu...
La question ne porte pas sur la capacité de M. Romney à vaincre M. Obama. Elle porte sur les conséquences du choix rétrograde que feraient les Américains s’ils l’élisaient président. M. Romney ne réduira pas la dette (16 000 milliards de dollars) des États-Unis en se contentant de ponctionner les programmes d’assurance-maladie et les retraites. Il doit en priorité augmenter les impôts pour les ménages aisés, car cette taxation supplémentaire (qui consisterait simplement à ne pas renouveler une mesure de George W. Bush parvenue à échéance), rapporterait assez d’argent pour que le budget se rapproche de l’équilibre. M. Romney considère qu’il peut intervenir militairement là où bon lui semble, car il est dominé par une chimère, celle d’une hégémonie américaine pourtant disparue. M. Romney se croit encore au temps de la guerre froide : il ne cache pas l’inimitié que lui inspirent la Chine et la Russie. M. Romney milite contre l’avortement légal. Contre le mariage homosexuel. Contre le welfare, filet social que Bill Clinton a déjà réformé. Bref, le candidat républicain ignore les leçons du passé, rêve d’une liberté économique qui assurera l’appauvrissement des classes moyennes, se comportera parmi ses alliés occidentaux comme un chien dans un jeu de quilles. Cet homme est dangereux.
LES RÉPUBLICAINS PRÉFÈRENT LA VICTOIRE SUR OBAMA À L’INTÉRÊT DE LEUR PAYS
La question porte donc sur ce que M. Romney ferait s’il devenait président. En 2 000, nous exprimions les mêmes réserves concernant le candidat républicain, George W. Bush. Les guerres dévastatrices mais inutiles, les folles dépenses, l’abaissement moral de l’Amérique pendant huit ans, Guantanamo et la torture, la crise des subprimes annonciatrice d’une séisme financier mondial, nous ont donné raison. En 2008, M. Obama l’a emporté contre un républicain plutôt éclairé, John McCain, qui, s’il avait été élu, aurait été un modéré à la recherche de compromis avec l’opposition. Entretemps, Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence et le Tea Party ont apporté au débat politique et social des idées simplistes ou démagogiques qui ont séduit un électorat meurtri par la crise.
C’est la souffrance de beaucoup de citoyens qui alimente le désenchantement américain et le rejet de M. Obama. Le Congrès, mal vu par une majorité de citoyens, a tout fait pour assurer l’inertie de l’exécutif. Il a fallu tout le talent de Bill Clinton, formidable orateur, pour requinquer les masses démocrates. L’ex-président a montré que l’actuel chef de l’exécutif avait lancé, dans une situation désastreuse, des réformes salutaires. Il a sauvé l’industrie automobile. Il a secouru au moins la moitié des familles menacées de perdre leur logement. Il a relancé la machine économique avec un plan de 800 milliards de dollars. L’économie américaine recommence à créer des emplois et le chômage est passé, en août de 8,3 à 8,1 %.
Les républicains, quelle que soit leur sensibilité, ont été, ces quatre dernières années, déloyaux à leurs propres institutions (comme ils l’avaient été pendant les deux mandats de Clinton). Mitch McConnell, le chef de la minorité républicaine au Sénat, a eu l’occasion de dire, neuf mois à peine après l’entrée d’Obama à la Maison Blanche : «Notre priorité numéro un est de faire de ce président celui d’un seul mandat ». Il expliquait à des journalistes pourquoi il refusait de passer un compromis avec le chef de l’exécutif pour un plan de réduction de la dette en dix ans. Autrement dit, il préférait la défaite de l’adversaire à l’intérêt supérieur de son pays. Romney à la présidence, voilà une folie que ni l’Amérique ni le monde ne pourront se permettre.
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