QU’EST-CE QUI fait le bien-être ? Depuis plusieurs années, cette question s’impose aux économistes et statisticiens. En 2008, la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, qui a réuni Joseph Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi, plaidait pour dépasser une vision strictement monétaire de la situation des Français et insistait sur la nécessité d’évaluer le bien-être. L’INSEE avait déjà commencé à aborder ce thème la même année avec une étude sur le bonheur. Mais c’est dans son nouveau portrait social de la France que sont publiées les premières évaluations de la qualité de vie, qui intègrent les aspects subjectifs (fondés sur le ressenti des personnes) et objectifs.
La notion de qualité de vie dépasse celles de niveau de vie et de conditions matérielles d’existence. L’INSEE prend en compte neuf dimensions qui ont un impact sur le bien-être et dont les statistiques sont disponibles : conditions de vie matérielles, contraintes financières, santé, niveau d’éducation, conditions de travail, participation à la vie publique, contacts avec les autres, sécurité économique et enfin sécurité physique. Chaque dimension est elle-même élaborée à partir de plusieurs indicateurs, dont le nombre varie en fonction des données connues (plus de 20 pour les conditions matérielles, 12 pour le travail).
L’Institut, qui refuse de donner une mesure synthétique du bonheur, propose ensuite d’analyser les dimensions de la qualité de la vie en fonction du niveau de vie, de l’âge, ou encore de la configuration familiale. On constate ainsi que les plus modestes ont deux fois plus de risques de se trouver en position critique dans la plupart des dimensions, tandis que les plus aisés ont 40 % de moins de risques d’avoir une qualité de vie dégradée. Le constat est similaire pour les personnes seules, plus fragiles que les couples avec un ou deux enfants.
Dépenses de santé contre inégalités.
Si certaines dimensions sont très sophistiquées, celle la santé ne repose que sur deux indicateurs. Le premier est l’appréciation subjective que les personnes ont de leur état. Les sondés sont invités à se positionner sur une échelle de 1 à 5. Le deuxième indice recense les limitations dans les activités quotidiennes dues à des problèmes de santé. Les conclusions sont sans surprise : les personnes de plus de 60 ans, les personnes seules ou les familles monoparentales souffrent d’un état de santé dégradé. Cependant, l’expérience des personnes âgées, qui bénéficient de moins de contraintes financières et de meilleures conditions de vie matérielles, tout en ayant une moins bonne santé, démontre que niveau de vie et qualité de vie ne sont pas toujours synonymes.
Au-delà de son importance en terme de qualité de vie, la santé entre également en considération dans le calcul des niveaux de vie, de façon indirecte. L’INSEE souligne en effet le rôle des prestations en nature de certaines administrations publiques, comme l’assurance-maladie, dans la réduction des inégalités. À côté des prélèvements directs et des prestations sociales, les dépenses de santé (comme celles de l’éducation) diminuent à hauteur de 25 % les différences de niveaux de vie.
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