Les médecins libéraux ne décolèrent pas contre l’économiste de la santé Brigitte Dormont, coupable à leurs yeux d’avoir prophétisé sur les ondes de France Culture en avril dernier que la généralisation du tiers payant entraînerait « la mort de la médecine libérale ».
Des représentants de la FMF et de l’UFML, ainsi que le médecin blogueur Christian Lehmann se sont intéressés aux nombreuses activités de Brigitte Dormont, titulaire de la chaire santé de Paris Dauphine et nommée en 2012 au conseil d’analyse économique (CAE), instance qui conseille directement le Premier ministre. Ils affirment que la déclaration d’intérêts de l’économiste, hébergée sur le site du CAE, ne mentionne pas que la chaire santé de Dauphine est parrainée par la MGEN et le groupe ISTYA.
Pas de dissimulation
Les contestataires estiment que les liens avec ces mutuelles (qui financent en partie la chaire) doivent être forts puisqu’un document interne de Dauphine (que « le Quotidien » a pu consulter) « fait état d’interactions avec la MGEN sur des questions de régulation du secteur ». Pour eux, « cette déclaration d’intérêts ne semble pas suivre les normes légales définies par le code de la santé publique, et devrait inclure les travaux scientifiques et études pour des organismes publics ou privés ».
Contactée par « le Quotidien », Brigitte Dormont réagit à ces attaques. « Sur ma déclaration d’intérêts, je précise bien que je suis titulaire de la chaire santé de Dauphine. Il suffit d’aller sur le site de la chaire santé pour lire en première page qu’elle est soutenue par la MGEN et par le groupe ISTYA. On ne peut pas dire que je cherche à dissimuler quoi que ce soit. »
Un financement légal
L’économiste précise aussi que le financement de cette chaire s’effectue « en tant que mécénat dans le cadre du crédit impôt recherche ». Dans ce cadre légal, assure-t-elle, les financeurs (la MGEN et ISTYA), « ne disposent d’aucun droit de regard sur les travaux effectués. Seul le conseil scientifique international de la fondation peut les amender ou les valider, pour des raisons scientifiques uniquement ».
Brigitte Dormont semble affectée par le tour que prennent ses relations avec le monde médical libéral depuis qu’elle en a pronostiqué la disparition. Elle précise qu’elle gagne sa vie en tant que professeur des universités, et que la chaire santé est une responsabilité qu’elle exerce moyennant « un modeste supplément de salaire. Je n’ai jamais reçu de financement d’aucun industriel du médicament ou des produits de santé, conclut-elle. Je tiens profondément à mon indépendance professionnelle et j’ai toujours agi dans ce sens. »
Quant à ses travaux pour le Conseil d’analyse économique et pour la Commission des comptes de la santé, elle précise qu’ils sont réalisés à titre gracieux.
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