Migrants de Calais

MDM en appelle au Défenseur des droits

Publié le 29/06/2011
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Crédit photo : AFP

NOMMÉ au poste de Défenseur des droits la semaine dernière en conseil des ministres, Dominique Baudis a immédiatement été alerté par Médecins du monde (MDM) sur la situation des migrants de Calais. Dans son courrier du 22 juin, le Dr Olivier Bernard, président de l’association, rappelle qu’à la suite du démantèlement de la « jungle » de Calais en septembre 2009, tous les squats de la ville ont été détruits. Cette situation, souligne-t-il, a contribué à renforcer la précarité de ces migrants, qui vivent dans des « conditions sanitaires alarmantes » (« le Quotidien » du 15 septembre 2010).Mais l’alerte actuelle de MDM vise plus précisément « le harcèlement intensif de la part des forces de police, qui ont reçu l’ordre de détruire de façon systématique tout ce qui ressemble à une tente ou à un abri et de les (migrants) empêcher, de jour comme de nuit, de se reposer, de reprendre des forces, même quelques instants ». Médecins du monde s’associe à d’autres associations intervenant auprès des migrants, notamment le mouvement No Border, pour demander qu’une enquête soit diligentée.

Au moins 20 % de mineurs.

Un rapport sur « Les conditions de vie des migrants dans le Pas-de-Calais », joint au courrier adressé au nouveau Défenseur des droits, dresse un inventaire des faits constatés par les bénévoles, notamment médecins, et les salariés de MDM, « qui paraissent contraires à la déontologie ». En juin 2011, la ville de Calais comptait 250 personnes migrantes, principalement originaires de pays en guerre ou en conflits armés tels que l’Afghanistan, l’Érythrée, l’Irak, l’Iran, le Soudan, notent-ils. Il s’agit d’une population essentiellement masculine, avec au moins 20 % de mineurs. Les pathologies rencontrées par les médecins de MDM sont le plus souvent des dermatoses (gales, irritations, surinfections, mycoses...) et des maladies ORL (angines, otites, rhinopharyngites...) mais également des pathologies mentales dues aux conditions de vie déshumanisantes qui leur sont imposées (apathie, nervosité, stress, anxiété).

Le rapport affirme que « des contrôles et des arrestations sont aussi effectués sur le chemin et à proximité de la permanence d’accès aux soins de santé de l’hôpital (PASS) » et que des interpellations ont lieu régulièrement sur le chemin menant à la PASS. Début mai 2011, indique-t-il, « des CRS ont pénétré dans l’enceinte de l’hôpital avant que le personnel hospitalier ne s’interpose et leur demande de quitter les lieux ».

Interrogé sur France Inter, Dominique Baudis a promis d’examiner la question et de prendre l’avis de toutes les parties. Rappelons que les missions du Défenseur des droits regroupent désormais celles du médiateur de la République, de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et du Défenseur des enfants.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8991