MELUN (77)
Dr PAUL THERON
« Le Quotidien » du mardi 27 septembre rapporte les propos de Martine Aubry concernant l’accès aux soins. Si j’ai bien lu, par comparaison avec le statut des énarques ou des normaliens, « elle affirme avec fermeté, expliquez-vous, sa détermination à [c’est elle qui parle] "demander aux jeunes médecins de s’installer pendant 5 ans après leur formation dans des zones de pénurie" ». Pour Martine Aubry, en substance, les médecins ont de la chance que les citoyens français « financent 11 ou 12 ans leurs études ».
Certes, il est plus que temps que les politiques proposent enfin des solutions à la désertification médicale, dont on pourrait disserter sur les causes. Mais de tels propos sont typiques des énarques désireux de faire entrer la médecine dans un système aux ordres. Madame Aubry, me paraît être une candidate aussi correcte que les politiques qui ont fabriqué la loi dite « Bachelot », qui en écartant de fait les médecins des décisions budgétaires, vise à rationner la santé. Loi dont je suis prêt à parier qu’elle ne l’abrogera pas si elle arrive au pouvoir, de même qu’elle n’a pas touché en 1997 au plant Juppé, rebaptisé par nombre d’hospitaliers « Plan Jubry ».
Madame Aubry, dans sa comparaison avec les énarques ou les normaliens, oublie tout simplement de nous dire qu’outre des frais de formation par étudiant très supérieurs à ceux pratiqués dans les Facultés, l’ENA, en échange d’un engagement de servir de 10 ans – facilement racheté par les grandes entreprises –, verse à ses élèves un salaire mensuel de 1 300 euros dès leur admission (salaire en général très augmenté par diverses primes). Même chose dans la plupart des écoles de la fonction publique, comme l’ENS ou les IRA.
Par ailleurs pas un mot sur les autres facultés. Pourtant Madame Aubry est bien placée pour connaître le prix de l’enseignement en fac de droit, accompagné d’une liberté totale d’installation après obtention du diplôme. Idem pour l’ensemble des facultés.
Elle oublie aussi l’utilisation des étudiants en médecine par le système hospitalier, en tant qu’externe ou interne, dont la rétribution est en général modeste. On pourrait imaginer (je ne suis pas pour) un reversement de crédit des hôpitaux publics ou privés aux facultés et la généralisation d’un tel système à l’ensemble des entreprises, véritable négation de l’enseignement public gratuit…
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