« Le changement du monde n'est pas seulement création, progrès, il est d'abord et toujours décomposition, crise. » Par ces mots, Alain Touraine avait parfaitement résumé le pouvoir créatif, l’incitation au changement et l’accélération des mutations qui résultent de toute crise. Il n’est évidemment pas question ici de se réjouir, mais force est de constater que la Covid-19, qui a considérablement perturbé notre mode de vie et littéralement chamboulé notre manière de travailler ensemble, nous a aussi fait faire des progrès. Du jour au lendemain, nous avons dû revoir nos habitudes, avec un impact sans précédent sur notre environnement professionnel comme personnel. Par nature, le changement est souvent suivi de son lot de doutes et de questionnements.
Le télétravail s’est donc imposé à nous, sans que nous y soyons réellement préparés ou même favorables. Est-il vraiment efficace ? Comment maintenir le lien entre les managers et les collaborateurs ? Comment conserver et développer un sentiment d’appartenance ? Ces doutes peuvent traduire un manque de confiance. Non pas un manque de confiance envers mes équipes chez Janssen, dont je mesure l’engagement au quotidien, mais un manque de confiance envers un fonctionnement inattendu et imposé. Pour bon nombre de dirigeants dont je suis, il a fallu rapidement dépasser ces questionnements et adapter nos modes de travail et de management.
Nouvelles interactions avec les professionnels de santé
Les confinements successifs ont été l’occasion pour beaucoup de se questionner sur le sens donné au travail. À l’heure ou d’autres organisations s’interrogent sur leur raison d’être, nous avons la chance, en tant qu’entreprise de santé, de pouvoir nous retrouver autour d’une mission essentielle et pleine de sens : fournir des traitements innovants et des services de santé, avancer sur le développement d’un vaccin. Un atout considérable pour favoriser l’engagement des équipes fatiguées, et leur donner, plus que jamais, conscience de ce pourquoi elles travaillent.
Le numérique n’effraie plus, au contraire : les outils digitaux nous ont aidés à nous adapter au mieux à ces nouvelles exigences, en permettant plus d’efficacité en réunion, des échanges de bonne qualité, des avantages certains en termes de réactivité ou de production de solutions. Le numérique a également permis de développer de nouveaux modes d’interactions avec les professionnels de santé, de conserver un lien avec le corps social de l’entreprise et de renforcer la fierté d’appartenance. Ce sens de l’innovation et cette agilité nouvelle constituent des atouts sur lesquels nous allons capitaliser « après ».
La fin du tout présentiel et la projection dans un monde « phygital » vont de pair avec de nouvelles responsabilités. Dans un contexte de télétravail qui dure, nous avons d’abord veillé au bien-être des salariés pour prévenir tout risque de détresse psychologique ou d’isolement. La santé mentale constituant d’ailleurs un axe majeur de préoccupation et d‘engagement de Janssen, nous avons mis en place de nombreux ateliers et webinaires en ligne pour piloter le moral des équipes. En gardant une approche réaliste et non utopique par rapport à la crise, nous avons réussi à trouver des manières créatives de pallier les habitudes des salariés et de répondre aux attentes de nos parties prenantes et nous avons accueilli l’an dernier plus de 200 nouveaux collaborateurs à distance.
En tant qu’acteur de santé, nous devons mettre à profit cette agilité nouvelle dans nos relations avec les hôpitaux et les professionnels de santé. C’est paradoxal mais nous étions certainement mieux préparés à développer une relation à distance avec les professionnels de santé qu’à généraliser le télétravail au sein même de notre entreprise. Nous avons joué de cette symétrie des attentions pour proposer à nos collaborateurs le même niveau d’attention et de services, avec un souci de qualité et de variété dans les contenus proposés.
En 2020, nous avons organisé 150 webinars et webcasts contre une trentaine seulement en 2019. Une montée en puissance qui s’explique par la nécessaire adaptation à la crise, mais surtout par une volonté de proposer une relation de plus en plus personnalisée, fondée sur l’écoute des besoins et la collaboration.
En somme, qu’elle ait provoqué des changements anticipés ou complètement inattendus, cette crise nous ramène à l’essence même de notre métier. S’adapter en permanence pour proposer des solutions sur mesure, accepter de ne pas tout maitriser. Avec agilité et humilité.
Exergue : Cette crise nous ramène à l’essence même de notre métier: s’adapter en permanence pour proposer des solutions sur mesure
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