L'incidence annuelle de borrélioses de Lyme a significativement augmenté en médecine générale au cours de l'année 2016, révèle le réseau Sentinelles dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH »).
Après des chiffres globalement stables sur la période 2009-2015 – oscillant entre 41 cas pour 100 000 habitants en 2011 et 55 cas pour 100 000 habitants en 2013 –, l'incidence a connu « une augmentation significative en 2016 avec 84 cas déclarés pour 100 000 », est-il précisé.
À la veille du PNDS de la HAS
Dans un contexte controversé autour de la maladie, ce numéro du « BEH » sort la veille de la publication du très attendu protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) élaboré par la Haute Autorité de santé (HAS). La demande de reconnaissance par les associations de patients des formes chroniques, dites « sémiologie persistante polymorphe après morsure de tique » (SPPT) dans le « BEH », est le point épineux le plus sujet à dissension.
Une augmentation de l'incidence de la borréliose avait été observée dans certains pays européens, notamment l'Allemagne, la Suède, la Hongrie, le Royaume-Uni ou encore les Pays-Bas. La surveillance épidémiologique est d'autant plus nécessaire que « l'impact potentiel du changement climatique sur la densité de tiques pourrait jouer un rôle important sur la dynamique de cette maladie à l'avenir », est-il souligné.
95 % de cas d'érythème migrant en MG
Dans l'éditorial, le Pr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, et le Dr Jean-Claude Desenclos, directeur scientifique de l'institution, soulignent qu'en France « parmi les patients consultant un médecin généraliste, 95 % des cas présentaient un érythème migrant, forme la plus bénigne de la maladie ».
L'augmentation constatée en 2016 pourrait refléter « la médiatisation croissante de la maladie auprès du grand public et des professionnels de santé, permettant une meilleure reconnaissance de ce symptôme assez caractéristique à la fois par les personnes atteintes et les médecins », avancent-ils.
L'incidence est la plus élevée chez les personnes de 60-70 ans, qui est interprétée dans le « BEH » par une pratique populaire de la randonnée pédestre en forêt par les jeunes retraités.
L'Alsace la plus touchée
Le « BEH » met également en évidence une forte hétérogénéité géographique, avec des régions plus touchées que d'autres, notamment l'Alsace suivie du Limousin et de Rhône-Alpes. Une étude spécifique à l'Alsace renforce les résultats du réseau Sentinelles avec un pic d'incidence en période estivale, et des pics de fréquence (5-9 ans et 60-64 ans). Constat additionnel, la forêt ne représente que 56 % de l'exposition à risque, les jardins publics ou privés (26 %) et la prairie (17 %) étant les deux autres lieux de piqûre les plus fréquemment rapportés.
Pour ce qui est des hospitalisations pour Lyme, une étude indique que sur la période 2005 à 2016, l'incidence est stable de l'ordre de 1,1 à 1,5 cas pour 100 000 habitants. La neuroborréliose totalisant 51 % des cas est la manifestation la plus fréquente. La distribution par âge présente deux pics d'incidence, les 5-9 ans et les 70-79 ans.
Une prise de position de Santé Publique France
Alors que le tout prochain PNDS comprendra un volet dédié au diagnostic de la maladie, un article de ce « BEH » est consacré au diagnostic biologique, signé par le Pr Benoît Jaulhac, du centre national de référence des Borrelia au CHU de Strasbourg, régulièrement pris à partie par les associations de patients.
Tout en détaillant les limites de l'outil biologique (sérologie ELISA et Western blot), le spécialiste rappelle que le diagnostic repose « sur un faisceau d'arguments cliniques, épidémiologiques et biologiques », mettant en garde contre « des tests aux performances médiocres… dont le manque de spécificité n'est pas éthiquement acceptable ».
De leur côté, à l'approche du PNDS, les responsables de Santé publique France, qui se disent conscients des « errances diagnostiques » mais aussi « des dérives et dangers de prises en charge médicales alternatives », mettent en avant que la prise en charge du SPPT « n'en doit pas moins répondre aux bonnes pratiques cliniques qui se construisent sur les faits de la science ». La prévention est mise en avant, et l'institution rappelle la mise à disposition de supports aussi bien grand public que pour les professionnels de santé.
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