Médecine en avion

L’urgence médicale première cause de déroutement

Publié le 24/06/2011
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Crédit photo : AFP

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L’URGENCE médicale demeure à ce jour la première cause de déroutement des avions de ligne, loin devant les problèmes mécaniques. En moyenne, on dénombre un déroutement « médical » d’appareil pour 3 millions de passagers. Dans le cas d’Air France, cela représente par exemple 40 déroutements de ce type chaque année, indique le Pr Michel Cupa, président du Conseil médical de l’aéronautique civile (CMAC). Comme tous les deux ans à l’occasion du Salon international de l’aéronautique du Bourget, le CMAC organise, avec la Société française de médecine aérospatiale (SOFRAMAS), les Entretiens de médecine aérospatiale. Deux cent cinquante médecins agréés aéronautique participent aujourd’hui à une matinée de débats autour de la question du déroutement pour causes médicales. Problème réccurent pour les compagnies aériennes et qui prend une toute autre ampleur avec le développement des nouveaux très gros-porteurs de type airbus A380.

« Une fois un déroutement décidé, on ne tient plus compte du vol, c’est la santé de la personne qui devient la priorité », souligne le Pr Cupa. « Un déroutement est toutefois quelque chose de lourd, avec des répercussions importantes supportées par les compagnies aériennes », remarque-t-il. Lorsqu’une urgence médicale se présente en vol, les compagnies comptent encore beaucoup sur l’aide d’un médecin-passager, statistiquement présent dans 98 % des vols. À bord, les hôtesses et stewards formés aux situations d’urgences sanitaires disposent d’une trousse de premiers secours, d’un défibrillateur et d’une trousse spécialement utilisable par le médecin « bon samaritain ». Dans certains appareils A380, un espace dédié (First Aid Corner), doté d’un lit et d’un rideau, permet de prendre en charge les personnes malades dans de meilleures conditions.

400 urgences mensuelles.

Au regard de l’important flux de passagers, les urgences médicales se révèlent plutôt fréquentes en avion. De l’ordre d’une urgence pour 10 000 passagers, soit 400 urgences mensuelles environs, le plus souvent durant les vols long courrier. L’essentiel de ces urgences – malaises vagaux, problèmes digestifs, traumatologie, cardiologie, ophtalmologie – ne nécessite évidemment pas de dérouter le vol. Mais si l’état de la personne concernée le justifie a priori, un déroutement est décidé par le commandant de bord, en lien avec la cellule d’urgence médicale de la compagnie (dans le cas d’Air France, il s’agit du SAMU de Paris ; la plupart des compagnies anglo-saxonnes s’appuient, elles, sur des organismes privés).

Même justifié, le déroutement n’est pas toujours possible. Encore faut-il disposer sur le parcours du vol d’un aéroport disponible, configuré pour recevoir le type d’appareil et au sein d’un pays où l’environnement médical apparaît suffisament sûr.

Près d’un déroutement sur deux est dû à une urgence cardio-pulmonaire. Les autres motifs sont notamment liés à des urgences neuropsychiatriques, pédiatriques, digestives, des comas diabétiques ou à l’agitation d’un passager. « Néanmoins, 40 % des déroutements se révèlent inutiles a posteriori », souligne le Pr Cupa. Problème de régulation, médecin « bon samaritain » « plus ou moins compétent à la gestion d’une urgence médicale » expliquent en partie ces déroutements évitables.

Pour optimiser la régulation des urgences médicales en vol, les compagnies aériennes misent désormais sur les appareils de monitoring. Certaines expérimentent ainsi des mallettes de télédiagnostic permettant au personnel navigant de réaliser aisément des analyses médicales plus complètes. Avec ces données complémentaires, le médecin régulateur médical peut ainsi disposer d’éléments suffisamment éclairants pour ne pas recommander un déroutement d’avion in fine évitable.

DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8989