SANS AVOIR abandonné sa réthorique révolutionnaire, le NPA a montré ses muscles. De deux manières : en rassemblant une forte partie de l’extrême gauche sous la houlette du charismatique Olivier Besancenot et en refusant de s’associer (ou de se compromettre) avec les socialistes et même avec les communistes. Son message est crédible dans la mesure où les sondages accordent au NPA jusqu’à 8 % des voix. Ce qui, dans un scrutin de type proportionnel, peut causer beaucoup de dommages aux autres partis.
Un centrisme virulent.
On doit d’ailleurs s’attendre, en juin, à un émiettement des forces en présence, sous la double influence du NPA et du MoDem, crédité de 14 % des suffrages, mais dont on ne peut pas dire qu’il prendra plus de voix à droite qu’à gauche. En effet, François Bayrou représente un centrisme particulièrement virulent à l’égard du pouvoir, avec un discours antisarkozyste que la gauche et l’extrême gauche pourraient lui envier. Si la nécessité d’exister peut expliquer la violence sémantique, la position du MoDem dans le spectre politique n’est pas claire, si l’on en juge par le nombre et la vigueur des critiques, qui masque des propositions dont on ne saurait dire aujourd’hui qu’elles forment un programme de gouvernement.
On a souvent envie de demander à M. Bayrou ce qu’il ferait à la place de M. Sarkozy, car on imagine que s’il avait eu pour tâche de protéger la France contre la crise, il aurait pris des dispositions identiques à celles de M. Sarkozy s’il avait été aussi brillant que lui ou des dispositions moins bonnes s’il avait eu moins de courage que le président. On est donc incité à croire que, sous l’éloquence méprisante et sans appel, se lovent les idées traditionnelles du centre sans lesquelles M. Bayrou n’a plus qu’à adhérer au PS, ou mieux, au NPA. Pour autant, on ne niera pas la capacité de nuisance du MoDem qui ne peut que priver l’UMP de nombre de suffrages. Mais cette réalité inquiétante pour la droite a son corollaire : la constitution éventuelle d’un front de l’extrême gauche, avec les communistes et les partisans de Jean-Luc Mélenchon (« La Gauche »), qui, lui, affaiblira le PS.
On écrit partout que le gentil Besancenot est l’allié objectif de M. Sarkozy et qu’il va faire au PS ce que le Front national a fait si longtemps à la droite parlementaire ; on ajoute que rien n’empêche M. Sarkozy, en 2012, d’introduire une dose de proportionnelle dans le scrutin, ce qui lui permettrait de vaincre par la dispersion de ses adversaires. C’est d’ailleurs ce que fit, non sans cynisme, François Mitterrand en 1984 : une rintroduction de la proportionnelle dans les législatives permit l’arrivée à l’Assemblée d’une soixantaine de députés lepénistes. Apparemment, M. Besancenot n’en a cure, qui ne croit guère à une victoire par les élections et parle, en somme, de renverser le régime à la faveur d’une crise politique entraînée par la récession. Et il est vrai que, pour toutes les élections à venir, Nicolas Sarkozy ne peut plus compter sur son bilan. La crise financière, puis économique, a balayé l’impact des réformes ; les Français ne se demandent même plus si ces réformes sont bonnes ou mauvaises, ils ne songent qu’à sauvegarder leurs emplois et obtenir des revenus en rapport avec le prix de la vie.
Pour les européennes, c’est trop tard et il est probable que l’UMP sera sanctionnée, d’autant qu’elle n’a jamais particulièrement brillé dans ce scrutin. Tout ce que qu’elle peut faire, à l’occasion des échéances suivantes, c’est apporter la preuve que le pouvoir a surmonté la crise. Encore faut-il que d’ici à 2009 (ou 2010), la croissance soit repartie, et assez vivement pour que les Français en ressentent le bénéfice. C’est très loin d’être sûr. Et quand, lors de sa prestation télévisée, M. Sarkozy a reconnu qu’il n’est pas nécessairement heureux d’avoir tant de responsabilités (au point qu’il n’est pas sûr de se représenter pour une deuxième mandat, ce qui ne convainc personne), n’a-t-il pas exprimé à cet instant très court, un sentiment qui ressemble à du découragement ?
Ringardisation.
Bref, le pouvoir et la majorité sont entrés dans une période pleine d’inconnues et d’écueils. Le plus surprenant, c’est que l’incroyable violence des discours tenus par l’opposition, de gauche comme de droite, ne parvient qu’à discréditer le président lui-même sans apporter aux Français l’espoir qu’un autre programme de gouvernement atténuerait les maux dont ils souffrent. Le plus surprenant, c’est cette tentative de « bushisation » de M. Sarkozy alors qu’il ne ressemble en rien à l’ex-président des États-Unis. M. Bush n’a imaginé ni la rupture ni l’ouverture, n’a mis en uvre aucune réforme, n’avait pas d’autre projet pour son pays que l’enrichissement des riches au détriment des pauvres. La gauche tente, et peut-être y parvient-elle, de décrire M. Sarkozy comme un Bush-bis qui n’aurait aucun sens social et serait ultralibéral, ce qu’il n’est pas et n’a jamais été. Elle en est encore à lui reprocher le bouclier fiscal, alors que l’eau a coulé sous les ponts depuis la mi-2007 et que si le pouvoir d’achat baisse, ce n’est pas à cause du bouclier fiscal et encore moins à cause des heures supplémentaires, mais à cause de la crise mondiale du crédit. Jeudi dernier, M. Sarkozy a dit ce qu’il fallait qu’il dît pour échapper à cette tentative de ringardisation. Mais peu importe : c’est seulement s’il surmonte la crise, si l’emploi revient, si le pouvoir d’achat s’élève, qu’il rentrera dans les grâces du peuple. Il n’a pas la moindre chance, cette année, d’assister à un tel miracle.
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