VINGT MILLIARDS. C’est le déficit prévu, pour 2009, du déficit du régime de la sécurité sociale (dont un peu moins de la moitié au titre de l’assurance maladie, le reste provenant de l’insuffisance des recettes de la vieillesse et de la famille). Le premier réflexe consiste à dire qu’on ne peut pas continuer de cette manière. Le deuxième est de constater que tous les plans mis en uvre par des gouvernements successifs et différents n’ont pas empêché les déficits de se creuser gravement. Que, en dépit des effets d’annonces triomphalistes sur la maîtrise des budgets sociaux, ils courent tous un danger mortel et que nos systèmes d’assistance, exaltés comme jamais pendant la crise économique, doivent être révisés de fond en comble.
Pauvres et riches à la fois.
Mais l’épineux problème se résume à des chiffres qui indiquent que les Français continuent à vivre largement au-dessus de leurs moyens, alors que la plupart d’entre eux, notamment les retraités, estiment que leurs revenus leur permettent tout juste de subsister. En d’autres termes, le filet social est insuffisant, mais il est déjà beaucoup trop cher pour les moyens de la collectivité.
La question des retraites n’est pas un tabou, dit M. Fillon. D’autres pays ont déjà fixé l’âge du départ à la retraite à plus de 65 ans (Allemagne : 67 ans). Pourquoi ne pas en faire autant ? Le pire, c’est que, même s’il existait en France un consensus pour retarder d’un, deux ou trois ans l’âge du départ à retraite, les pouvoirs publics savent déjà que ce ne serait pas suffisant pour équilibrer les comptes de l’assurance vieillesse. Le gouvernement insiste par ailleurs sur l’espérance de vie qui a augmenté, sur l’effet du baby boom de l’après-guerre qui, aujourd’hui, envoie à la retraite des régiments entiers de travailleurs nés il y a 60 ans ou plus. Il parle moins du chômage induit par la crise, qui fait qu’au déséquilibre démographique s’ajoute une réduction du nombre des actifs. Si nous étions en période de plein emploi, le problème des retraites se poserait en des termes beaucoup moins alarmants. Et enfin, si la réforme est indispensable, encore faut-il qu’elle soit juste.
Pour commencer, est-il nécessaire de fixer un âge du départ à la retraite ? Peut-on admettre que la caissière de supermarché accomplisse son travail répétitif pendant 50 ans ? Seul devrait compter le nombre de trimestres cotisés qui suffit à décrire une carrière : si l’idée est de prolonger les carrières de deux ans par exemple, un ouvrier qui a commencé à 17 ans devrait prendre sa retraite à 59 ans et non à 67. Inversement, un cadre supérieur qui a fait de longues études et a commencé à travailler à 28 ans devrait prendre sa retraite à 70 ans. Certes, les études représentent un dur labeur. Mais le métier du cadre supérieur est tout de même plus rémunérateur et plus enthousiasmant que celui du soudeur. À notre avis, une bonne réforme serait celle qui laisserait libres les salariés de choisir l’âge de leur retraite pour autant qu’ils aient cotisé pendant un nombre suffisant de trimestres, par exemple 168 trimestres ou 42 ans de travail effectif.
Maintenir les « vieux » au travail.
Le gouvernement s’insurge contre la tendance des entreprises à faire de la place pour les jeunes (aux salaires moins élevés) en exigeant le départ de leurs collaborateurs de moins en moins âgés. Il y a bellle lurette que l’entreprise se sépare de salariés qui ont moins de 65 ans. C’est si vrai que le taux de seniors (personnes dont l’âge est compris entre 59 ans et 65 ans) qui travaillent est tombé à 38 %. Or, comme on peut le voir chaque fois que l’activité économique diminue, le départ des seniors n’est pas du tout compensé par l’embauche des jeunes. La collectivité perd donc sur tous les tableaux : elle ne touche plus les cotisations (plus élevées) des seniors et ne touche toujours pas celles des jeunes restés au chômage. Une disposition législative oblige maintenant les entreprises à garder leurs salariés âgés ou à en engager. La mesure n’a pas eu le temps d’être appliquée que la récession frappait la France. Ce qui s’est traduit par des vagues de licenciements visant surtout les plus de 55 ans (et par le refus d’embaucher des jeunes) . On comprend donc, dans ces conditions, que les syndicats ne soient pas prêts à signer un accord qui prolongerait les carrières sans pour autant se traduire par le maintien des salariés âgés à leur poste.
Le gouvernement doit faire la preuve de sa bonne foi. Il doit d’abord protéger le travail des seniors, faire en sorte que le taux des « vieux » en activité augmente ; ensuite, il pourra exiger qu’ils restent en activité au nom de l’espérance de vie ou de la qualité de leur travail. Il ne peut pas, en revanche, mettre la charrue avant les bufs et fixer à 67 ans l’âge de la retraite alors que les seniors sont licenciés avant 60 ans. Ce serait une grave incohérence.
› RICHARD LISCIA
INUTILE DE FIXER L’ÂGE DE LA RETRAITE. LE TEMPS DE COTISATION SUFFIT
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