Monsieur le Président de la République,
Je vous écris pour vous faire part des difficultés que ma femme et moi avons actuellement pour exercer notre métier de médecin généraliste sur le territoire français et ce malgré notre intérêt pour la pratique en milieu rural, semi-rural et dans les régions de montagne.
Nous sommes médecins généralistes diplômés de deux pays différents et avons pour projet d’exercer avec les mêmes droits dans un même pays. Pour ma part, je suis remplaçant en médecine générale depuis 2011. J’ai réalisé mon internat à la faculté de médecine de Grenoble et je finis actuellement ma thèse. Concernant mon épouse, Maria Okorokova, elle m’a rejoint en France pour rapprochement familial. Elle est diplômée en médecine générale de l’université d’Ekaterinbourg en Russie. Elle est intégrée dans la société française depuis un an et demi et sa maîtrise de la langue française lui a permis de réaliser deux stages de médecine non rémunérés : 6 mois en médecine générale en région semi-rurale (Saint Bonnet en Champsaur, Hautes-Alpes) puis 6 mois en médecine interne et Infectieuse à l’hôpital de Chambéry (Savoie).
À la suite de ces stages, plusieurs postes de Faisant Fonction d’Interne lui ont été proposés. Cependant, ils lui ont été refusés par l’administration hospitalière puisqu’elle n’est pas inscrite à une formation de type DFMS ou DFMSA (Diplôme de Formation Médicale Spécialisée). Or, selon le service administratif de la faculté de Strasbourg en charge des inscriptions pour le DFMS ou DFMSA, il est nécessaire d’avoir réalisé une spécialisation pour postuler à ce programme. Malheureusement, la médecine générale n’est pas reconnue ici comme une spécialité alors qu’elle est censée l’être depuis 10 ans et ne devrait plus être l’objet de discrimination.
Un autre moyen pour continuer d’exercer serait la procédure d’autorisation d’exercice. Cependant, ce concours est très sélectif (moins de 8 % des inscrits en liste A sont admis) et ne propose que très peu de postes en médecine générale (entre 15 et 20 % de toutes les spécialités). Une autre alternative serait d’effectuer une première année de médecine en France. Pour autant, ceci semble inutile pour un médecin étant déjà diplômé et ne lui permet pas d’exercer pour une durée minimale de 2 ans. Qui plus est, cette option ne permet pas d’augmenter le nombre de médecins ni leur répartition et apparaît pénalisante pour les étudiants de première année en rendant la probabilité d’intégrer la deuxième année plus faible.
Qui plus est, exercer en tant que médecin généraliste a été pour nous un véritable choix et non une nécessité suite aux résultats d’un concours.
Devant les difficultés pour faire reconnaître le diplôme de Maria Okorokova, nous réalisons que la pratique de notre métier sur le territoire français est impossible. Cependant, le ministère de la Santé lutte contre les déserts médicaux pour assurer l’accès de tous les Français à des soins de qualité. C’est pourquoi nous vous demandons d’intercéder en notre faveur pour permettre à Maria Okorokova de reprendre une formation d’internat dans une région à faible densité médicale. En effet une formation d’internat dans une région manquant d’internes hospitaliers pourrait intéresser les hôpitaux nécessitant des « Faisant Fonction d’Interne » pour subvenir à leurs besoins en personnel. De plus, nous nous engageons à ce que Maria Okorokova effectue un contrat de service post-doctoral de 3 à 5 ans comme médecin généraliste dans une région touchée par la désertification médicale. Cette proposition permettrait à la commune concernée de recruter deux médecins puisque je m’engagerais à assurer des soins durant sa formation.
Ce contrat de service post-doctoral permettrait au ministère de la Santé de répondre à ses engagements de lutte contre la désertification médicale. Il assurerait l’installation de deux médecins généralistes formés par le système médical français. Nous concernant, cet engagement nous permettrait de réaliser notre projet par l’exercice de notre métier sur le territoire français. Dans le cas contraire, il serait regrettable pour nous d’envisager la pratique de la médecine dans un pays étranger.
En espérant que vous puissiez prendre en compte notre demande et donner une réponse favorable à notre requête, nous vous prions d’agréer Monsieur le Président, l’assurance de notre considération distinguée.
* Médecins généralistes
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