Quelle sera l'espérance de vie en 2040 ? De quoi mourrons-nous ? Une étude de l'Institute for Health Metrics and Evaluation, publiée ce 17 octobre dans « The Lancet » prévoit une amélioration générale des indicateurs de santé, dans 195 pays, d'après les chiffres 1990-2016 de la Global Burden of Disease Study. À condition d'une mobilisation des décideurs publics.
Un nouveau palmarès de l'espérance de vie
L'espérance de vie devrait s'accroître (plus lentement que par le passé) de 4,4 ans d'ici à 2040 et atteindre 74,3 ans pour les hommes et 79,7 ans pour les femmes. Mais ces projections varient selon les scenarii d'un gain de 7,8 ans pour les hommes et 7,2 ans pour les femmes dans le meilleur des cas, à une stagnation, dans le pire.
D'ici à 2040, l'Espagne pourrait arriver en tête du palmarès de l'espérance de vie, devant le Japon, Singapour (qui resterait 3e, comme en 2016), et la Suisse, tous dépassant la barre des 85 ans pour les deux sexes. En Espagne, la moyenne pourrait atteindre 85,8 ans (contre 82,9 ans aujourd'hui). Le Portugal arriverait en 5e place, alors qu'il est actuellement à la 23e place.
L'espérance de vie devrait dépasser les 80 ans d'ici à 2040 dans 59 pays. Ce serait notamment le lot de Chine, qui se hisserait du 68e rang au 39e rang (81,9 ans).
La France resterait à la 8e place, tout en gagnant deux ans d'espérance de vie (de 82,2 ans en 2016 à 84,3 en 2 040). En revanche, les auteurs prédisent une régression pour le Canada (de la 17e à 27e place), la Belgique (de la 21e à la 28e place), les Pays-Bas (de la 15e à la 21e) et les États-Unis (43e à la 64e place) qui accusent la plus forte baisse parmi les pays riches, l'espérance de vie des Américains passant de 78,7 ans à 79,8 ans.
En bas du classement, figurent les pays d'Afrique comme la République centrafricaine, le Lesotho (57,3 ans), la Somalie et le Zimbabwe avec une durée de vie inférieure à 65 ans. « Les inégalités vont persister », déplore le Dr Christopher Murray, directeur de l'IHME.
Explosion des maladies non transmissibles
Tous les scenarii préfigurent une explosion des maladies non transmissibles qui remplaceront dans les causes de mortalité ou d'années de vie perdues, les maladies transmissibles, maternelles, néonatales et nutritionnelles – sauf en Afrique Sub-saharienne.
Selon la prévision moyenne, 81 % de la mortalité totale de 2040 sera liée aux MNT, 12 % aux maladies transmissibles, et 7 % aux accidents. Ainsi, sept des dix principales causes de mortalité prématurée à l'avenir seront des MNT : cardiopathies ischémiques, AVC, bronchite chronique grave/BPCO, maladies rénales chroniques, Alzheimer, diabètes et cancer du poumon. Les cancers du foie (13e cause de mortalité), du côlon-rectum (15e) et du sein (19e) voient leur poids s'accroître dans la mortalité prématurée, comme celui des cardiopathies hypertensives (14e), signe du vieillissement de la population, lit-on.
Les auteurs appellent à la vigilance sur la maîtrise de l'épidémie de VIH/SIDA. Si les projections moyennes tablent sur une réduction de 30 % du nombre d'années de vie perdues liées au VIH, le pire scenario, qui prend en compte une résurgence de la maladie, prévoit leur augmentation de 120 %.
De même, les progrès réalisés en matière de mortalité infantile, s'avèrent fragiles et leur destinée dépendra de la capacité des pays à maîtriser les infections des voies respiratoires inférieures, le sceptisme néonatal, et les méningites.
Les facteurs sur lesquels il faut jouer dès aujourd'hui
Les auteurs listent plusieurs facteurs de risques à cibler dès aujourd'hui, à commencer par l'hypertension artérielle, l'obésité, le taux élevé de sucre dans le sang, mais aussi le tabac (qui dans le pire scenario pourrait devenir le deuxième facteur de risque), l'alcool et la pollution atmosphérique.
Ces constats doivent permettre de nourrir une réflexion sur l'adaptation des systèmes de santé dans les prochaines décennies, lit-on. Les auteurs appellent en particulier à développer l'accès aux soins primaires et la prévention, et plaident pour une couverture maladie universelle. Ils préconisent de concentrer les efforts sur les pays les plus défavorisés pour que les inégalités ne se creusent pas.
Restent quelques inconnus qui pourraient bouleverser ces prévisions, reconnaît l'étude : le changement climatique, le développement des résistances antimicrobiennes, l'apparition d'une pandémie grippale semblable à celle de 1918, ou encore l'accélération de l'innovation technique.
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