« Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ont été positifs pour la santé publique. Ils ont attiré l’attention politique et mobilisé des fonds dont on avait cruellement besoin », constate le Dr Margaret Chan, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et de nuancer : « Si les progrès ont été très encourageants, il subsiste de larges écarts entre les pays et au sein des pays. Il faut poursuivre l’action pour garantir aux populations les plus vulnérables du monde l’accès aux services de santé », poursuit le Dr Chan, en présentant le bilan des OMD dans 194 pays.
Définis en 2000 par les gouvernements pour endiguer la pauvreté, ces objectifs, qui prennent pour référence l’année 1990, atteignent en 2015 leur date butoir. Ils seront remplacés en septembre prochain pour 2030, lors de l’assemblée générale des Nations Unies à New York.
Progrès dans la santé de la mère et de l’enfant mais en deçà des OMD
Au rang des réussites, « le monde aura atteint les objectifs pour redresser la situation concernant les épidémies de VIH, de paludisme, de tuberculose, et pour élargir l’accès à l’eau potable ».
En 2013, 2,1 millions de nouvelles infections au VIH ont été recensées, contre 3,4 millions en 2001 : la courbe de diffusion du VIH s’inverse. Et si les tendances actuelles se confirment, plus de 15 millions de personnes seront sous traitement antirétroviral dans les pays à revenu faible ou intermédiaire d’ici 2015, contre 13 millions fin 2013.
L’incidence du paludisme a baissé de 30 %, et le taux de mortalité de 47 % depuis 1990. Pour la tuberculose, l’incidence a diminué de 41 %, le taux de mortalité de 45 %.
Des progrès sont aussi à noter dans la réduction de la malnutrition de l’enfant, et la mortalité de la mère et de l’enfant. Depuis 1990, le nombre des décès d’enfants a diminué de moitié, baissant de 90 à 46 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2013.
Néanmoins, seulement un tiers des pays ont atteint l’ODM d’une réduction des deux tiers du taux de mortalité des enfants.
Quant à la mortalité maternelle, le nombre de mères décédées de complications pendant la grossesse et l’accouchement a baissé de près de la moitié entre 1990 et 2013 : un résultat en deçà de la réduction ciblée de 75 % d’ici la fin 2015. En outre, 13 pays, dont certains ont les taux les plus élevés au monde, ont peu œuvré pour réduire cette mortalité. En Afrique, une femme sur quatre voulant éviter une grossesse n’a pas accès à la contraception, et seulement une sur deux accouche entourée d’un personnel qualifié.
Des inégalités persistantes
L’OMS souligne la nécessité de développer encore et partout l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement de base. Si la cible mondiale sur l’eau potable a été atteinte en 2010, les régions OMS de l’Afrique et de la Méditerranée orientale en sont encore loin, en particulier pour les régions rurales ou pauvres.
Enfin, la cible des OMD sur les services d’assainissement ne sera pas atteinte. Un milliard de personnes en sont dépourvues et défèquent en plein air, s’exposant à un risque de maladies diarrhéiques, de trachome et d’hépatite.
Le programme de l’après-2015 devrait relever de nouveaux défis, comme les maladies non transmissibles (responsables de 2/3 des décès) ou l’évolution des déterminants sociaux et environnementaux de la santé, avec pour but de « donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être à tous les âges ».
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