Les personnes âgées préfèrent demeurer chez elles aussi longtemps que leur état de santé le permet. Mais quel peut être leur domicile dès lors que l’autonomie se rétracte ? À l’occasion du forum« Senior, une chance pour la France », organisé par le Conseil économique, social et environnemental, et l’institut Silverlife, les acteurs de l’habitat ont dessiné les nouvelles formes du « vivre chez soi », qui se rapprochent du « vivre ensemble ».
Entre le domicile et l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), il y a souvent un fossé qu’un accident vasculaire cérébral, une chute, un Alzheimer, une longue maladie, force à franchir. Mais dans l’entre-deux, rares sont les solutions pour les 60-80 ans non dépendants, qui représentent 13 à 15 % de la population française.
Selon Gilbert Émont, économiste et spécialiste du logement à l’Institut de l’épargne immobilière et foncière, les 3/4 d’entre eux seraient propriétaires et la plupart auraient un patrimoine conséquent. Mais « beaucoup, des femmes souvent, ont des biens dégradés, indignes, des passoires énergétiques mal isolées », témoigne Emmanuelle Cosse, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France. D’après son expérience, les personnes âgées sont de plus en plus confrontées à la crise du logement : lorsqu’elles cherchent à quitter un 5 pièces désormais trop vaste, les petites surfaces ne sont pas moins chères, si tant est qu’elles existent à proximité des centres urbains. Et les infrastructures ne répondent guère à une mobilité parfois restreinte.
Laboratoire du futur
Première réponse, le « homecare », grâce à la télémédecine, est le « marché du futur », assure Ghislaine Alajouanine, membre de l’Institut de France et présidente du Haut Conseil Télésanté. « Faire voyager les données et non les patients est la réponse à la désertification médicale », poursuit-elle, évoquant le bénéfice économique de la télémédecine.
Les bailleurs sociaux se saisissent eux aussi du sujet. Le groupe 3F, leader des Entreprises sociales pour l’habitat en France avec près de 200 000 logements dont 160 000 en Ile-de-France lancera en 2013 un « plan stratégique de vieillissement ». Chaque année, 300 habitats devraient être adaptés et l’accessibilité des immeubles améliorée. « Même si c’est délicat pour des 4 étages sans ascenseur », reconnaît le directeur adjoint Didier Jeanneau. Certaines personnes pourraient être incitées à déménager vers des structures plus modestes, au même prix. Quant aux locataires, ils pourront bénéficier d’aides à l’entretien et, pour lutter contre leur isolement, les gardiens seront sensibilisés à un rôle de veille.
Vers le collectif
Mais les acteurs du logement ne se contentent pas du faire du neuf avec de l’ancien. Un marché de logements collectifs émerge, avec des « résidences services » ou des « foyers logements ». Les personnes vivent dans des appartements équipés, mais jouissent d’espaces dédiés à la communauté et de services à la carte (non médicalisés). « C’est une solution pour les personnes âgées autonomes qui permet de retarder et de prévenir le passage en EHPAD », explique François Georges, président du syndicat national des résidences avec services pour les aînés (SNRA).
Des formes de colocation entre seniors et étudiants sont aussi dans l’air du temps. À l’horizon point le modèle d’un territoire accueillant toutes les générations sans discrimination ni fragmentation entre lieux de vie des études, du travail et de l’après-travail. Tel est le souhait de Jean-Paul Delevoye, président du CESE, qui a appelé en introduction au forum à « favoriser le dialogue dans une société du conflit et à écouter la transmission des valeurs » dont les seniors sont les gardiens.
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