DEPUIS le 11 décembre 2012, date du premier cas, 4 patients atteints de gale ont provoqué l’épidémie dans le centre hospitalier de Nevers qui a touché 20 membres du personnel. L’un des patients souffrait notamment d’une forme ancienne de la maladie, la gale norvégienne, extrêmement profuse (hyperkératosique).
Des mesures de traitement et de prévention ont été prises par le CHAN dans les différents services concernés, grâce à la mise en place d’une équipe de médecins infectiologues et hygiénistes, de médecins du travail, et du médecin coordonnateur de l’antenne régionale du centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (ARLIN) de Bourgogne. Les cas avérés ont reçu un traitement curatif, ainsi que leur environnement, les agents des services hospitaliers se sont vu proposer un traitement à titre préventif, la literie a été traitée, et de nouvelles tenues de travail commandées. « L’épidémie ne devrait pas s’étendre davantage », estime le Dr Claire Cristofini, médecin en veille sanitaire à l’ARS de Bourgogne.
Savoir repérer la gale
« La gale n’est - très souvent - plus liée à l’hygiène. Tout le monde peut attraper la "gale des gens propres". Le problème, c’est le diagnostic », explique le Dr Cristofini.
Due à un parasite qui se loge sous la peau, l’infection se manifeste après trois à quatre semaines d’incubation, par des démangeaisons très intenses (doigts, poignets, aisselles...) aggravées la nuit par la chaleur du lit, explique l’ARS. « Le diagnostic est très difficile. Au début, la maladie ne se voit pas. Il faut des prélèvements cutanés. Or beaucoup de médecins, comme la population générale, pensent que la gale est une maladie éradiquée et n’y pensent pas », poursuit Claire Cristofini. « C’est l’hôpital qui finit par recevoir des patients pour d’autres pathologies, la gale n’ayant pas été diagnostiquée en ville ».
En outre, la prise en charge n’est pas évidente. « Il n’y a pas de consensus sur les traitements. Le médecin doit pourtant bien le maîtriser pour expliquer au patient ce qu’il doit faire », précise le Dr Cristofini. D’autant qu’il faut absolument traiter les autres membres de la famille et de l’entourage.
Cerise sur le gâteau, l’Ascabiol, lotion pour application locale, est en rupture de stock depuis le 26 novembre 2012 pour une durée indéterminée, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). En cause, une rupture d’approvisionnement de la substance active Sulfirame. L’ANSM rappelle l’existence de 2 solutions alternatives : le Stromectol 3 mg (ivermectine), comprimé, et le Spregal (esdépalléthrine/ butoxyde de pipéronyle), lotion en flacon pressurisé (aérosol). Mais elle précise que les derniers stocks d’Ascabiol doivent être réservés en priorité aux enfants de moins de 15 kg, aux femmes enceintes, aux sujets asthmatiques, et aux jeunes enfants.
Enfin des recommandations !
L’ARS de Bourgogne recense environ 5 000 cas chaque année et constate une hausse des signalements ces derniers mois, notamment dans les établissements collectifs. L’Organisation mondiale de la santé estime à 300 millions par an le nombre de personnes touchées. En France, l’Institut national de veille sanitaire, dans un état des lieux d’avril 2011, concluait aussi en faveur de l’augmentation de l’incidence de la gale, estimée dans une fourchette de 337 à 352 cas pour 100 000 habitants. Des chiffres difficiles à confirmer, néanmoins, car il n’existe pas de surveillance spécifique de la maladie.
« Les recommandations officielles sont anciennes, il n’existe pas beaucoup de texte sur les traitements. À l’ARS de Bourgogne, nous avons des documents prêts pour informer les généralistes et les pharmaciens, nous sommes dans l’attente des recommandations du Haut conseil de la santé publique », explique le Dr Cristofini.
Le HCSP vient de mettre en ligne sur le site www.hcsp.fr le 27 janvier 2013, son rapport intitulé « la survenue de maladies infectieuses dans une collectivité, conduites à tenir ». Le guide présente des fiches sur chaque maladie infectieuse, précisant la période d’incubation, la durée de la contagiosité, les mesures à prendre pour le malade et l’hygiène et la prévention de l’entourage. Il s’adresse aux médecins traitants et aux médecins des collectivités.
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