Maladie d’Alzheimer, autisme, obésité, IVG, anorexie mentale… Les recommandations de bonne pratique à destination des médecins ne manquent pas. Depuis 2006, la Haute Autorité de santé (HAS) en a publié près de 90. En dépit de leur qualité scientifique globalement reconnue, « on constate des écarts nombreux et parfois importants entre les recommandations édictées et les pratiques réellement observées », souligne Vincent Chriqui, directeur général du Centre d’analyse stratégique (CAS) qui publie mardi une note d’information sur le sujet.
« À l’hôpital, les recommandations sont mobilisées depuis longtemps par les médecins spécialistes. (…) Du côté des médecins généralistes (…), l’acceptation des recommandations reste inégale », résume le CAS qui évoque de persistantes réticences « chez certains médecins appartenant aux générations les plus âgées », ces recommandations étant généralement « perçues comme un moyen supplémentaire d’encadrement des pratiques ».
En outre, « la légitimité de cet outil est régulièrement mise en cause en France », « la composition des groupes de travail cristallise les critiques et détermine le crédit que les professionnels accorderont à la recommandation », poursuit le centre d’analyse.
Décalage avec le terrain
Il existe par ailleurs un « décalage avec la pratique quotidienne des médecins généralistes, qui sont amenés à prendre en charge des patients souffrant de plusieurs pathologies simultanément, tandis que les référentiels portent sur une pathologie donnée, dans un délai court qui est celui de la consultation », indique Vincent Chriqui.
Pour être plus utiles aux omnipraticiens, « les recommandations gagneraient à porter davantage sur des cas complexes à traiter » et « sur des pathologies pour lesquelles les données disponibles sont peu abondantes », considère le CAS qui appelle à « repenser » ces recommandations afin de « concilier rigueur scientifique et simplicité d’utilisation ». Celle-ci devrait comporter en plus d’un volet sur « l’état de l’art » (qui correspond au format actuel des recommandations) un autre volet « interactif » qui regrouperait « des informations actualisées, des données médico-économiques et permettant de recueillir les remarques des professionnels ».
Améliorer l’ergonomie
Au niveau de l’accessibilité de ces outils, beaucoup reste à faire. « Aucun site public ne rassemble toutes les recommandations et celui de la HAS reste peu ergonomique, même si des projets en cours devraient rendre ces recommandations plus accessibles aux professionnels via leurs Smartphones ou leurs tablettes », souligne le CAS qui cite l’exemple d’un portail mis au point outre-Manche par le NICE. Le Centre d’analyse stratégique propose également « de conditionner l’obtention de la certification pour les logiciels d’aide à la prescription à l’intégration des principales recommandations liées aux médicaments dans l’outil informatique ».
Pour le CAS, il est par ailleurs essentiel de « renforcer la légitimité des groupes de travail qui élaborent les recommandations », « en adoptant le principe de coprésidence du groupe assurée par un médecin généraliste » et « en explicitant les choix relatifs à la composition des groupes dans le texte des recommandations ».
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