GILAD SHALIT a été fait prisonnier par le Hamas en juin 2006, il y a donc plus de cinq ans ; les Israéliens ont tenté de libérer par tous les moyens possibles, de la négociation secrète à la guerre. C’est en vain que leur armée a tenté de trouver à Gaza son soldat aux mains du Hamas. La famille de l’otage, de son côté, s’est efforcée sans relâche d’exercer sur le gouvernement israélien des « pressions » (dictées par le seul attachement à un proche) et a réussi à élargir le débat en excipant de la double nationalité du jeune Shalit, israélienne et française. Nicolas Sarkozy n’est pas resté insensible au sort de l’otage ; la diplomatie française s’est emparée de son cas au même titre que ceux de nos concitoyens retenus par des groupes terroristes dans le monde. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, n’a pas hésité à défendre Gilad Shalit comme tout autre otage, bien que de nombreux commentateurs aient souligné que, pris les armes à la main, il ne pût être considéré que comme prisonnier de guerre, ce qui excluait toute intervention française en sa faveur.
SI UNE VIE VAUT UN TEL SACRIFICE, LA PAIX NE VAUT PAS MOINS
Un prix très élevé.
Le prix exigé par le Hamas était, comme d’habitude, extrêmement élevé, puisqu’il s’agissait d’échanger Shalit contre plus d’un millier de Palestiniens tous condamnés pour des faits liés à leur combat contre Israël et dont beaucoup avaient du sang sur les mains. Israël souhaitait ne libérer que des Palestiniens qui n’avaient pas commis de crime. C’est le distinguo entre activistes et terroristes qui a valu à Gilad Shalit de rester pendant plus de cinq ans entre les mains du Hamas. On ne peut pas s’empêcher de penser qu’il aura été emprisonné deux ou trois ans de plus uniquement pour rendre les concessions de M. Netanyahou plus acceptables aux yeux de l’opinion israélienne.
Pourtant, il n’est pas parvenu à réduire les exigences du Hamas si l’on en juge par le nombre de Palestiniens qui vont être libérés, ni à empêcher la division de son gouvernement dont trois membres, parmi lesquels, Avigdal Lieberman, ministre des Affaires étrangères, ont refusé de signer l’accord. Il n’a pas empêché non plus les vives critiques de la presse israélienne de droite qui, contrairement à un principe très ancré en Israël, à savoir qu’une vie juive vaut tous les sacrifices, aurait préféré qu’aucun accord ne fût conclu avec le Hamas. Empressons-nous d’ajouter que le sentiment prédominant en Israël, c’est le soulagement et la joie d’avoir préservé la vie d’un soldat.
La France a applaudi à l’accord et félicité M. Netanyahou : il est essentiel à ses yeux, en effet, que le choix de la négociation et de l’apaisement par Israël soit encouragé par tous les moyens. M. Netanyahou savait que, au total, une bonne nouvelle, fût-elle obtenue à ce prix, lui était politiquement utile, alors qu’un renoncement lui aurait valu l’incompréhension d’une majorité en Israël et la condamnation des opinions dans le monde. Gilad Shalit, 24 ans aujourd’hui, aura donc, contre son gré, payé de quelques années supplémentaires de calvaire, un choix israélien qui, sans déterminer le moins du monde une nouvelle orientation diplomatique de l’État hébreu, confirme cette valeur essentielle d’Israël qu’est la protection de la vie. Car il existe deux Israël, celui qui se bat pour sa survie de façon souvent implacable et celui pour qui toute fin ne justifie pas n’importe quel moyen.
Pressantes tâches domestiques.
On n’ adhère pas toutefois à ce principe sans se poser des questions sur le reste de l’action politique. Si le choix de sauver Shalit était, comme l’écrit le célèbre éditorialiste Nahum Barnéa, « inévitable », il traduit un état d’esprit qui s’inscrit nécessairement dans les autres démarches politiques d’Israël. À l’occasion d’un mouvement spontané d’« Indignés » israéliens exprimant d’autres préoccupations que la résistance à l’ennemi, M. Netanyahou a peut-être compris qu’Israël ne saurait être protégé par le seul recours à la force, qui distrait ses gouvernants de quelques pressantes tâches domestiques ; et que, s’il est vrai qu’en aucun cas Israël ne doit baisser la garde face à des forces ou des États qui continuent à espérer sa disparition, la coopération du Likoud, parti de M. Netanyahou, avec des mouvements extrémistes qui ignorent si complètement l’éthique qu’ils n’ont pas mesuré l’importance humaine de la libération de Gilad Shalit contient une grave contradiction.
Le gouvernement israélien actuel est stable, il a surmonté des crises graves, il a contraint les États-Unis à rejoindre son point de vue sur les implantations et qu’il n’y a pas, pour le moment, de majorité israélienne pour en changer. Il n’a donc pas subi que des échecs. Un accord avec le Hamas n’annonce donc pas le printemps. Mais il montre que, si même le gouvernement Netanyahou négocie avec ses pires ennemis pour sauver une seule vie, il est capable de négocier pour la paix.
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