Rarement une décision venant de Ségur aura été à ce point saluée dans la profession… Le constat d'Agnès Buzyn, sur la foi du rapport de l'IGAS, de l'impossibilité technique de généraliser le tiers payant à tous les patients en décembre 2017, un droit pourtant inscrit dans la loi de santé, a été applaudi par tous les syndicats de médecins libéraux – plusieurs d'entre eux revendiquant la paternité de ce changement de cap. Faute de calendrier précis donné par le ministère, les médecins ont interprété ce positionnement comme un renvoi de la réforme aux calendes grecques.
Actant sans fioritures la « mort du tiers payant généralisé », la CSMF se montre élogieuse avec la ministre de la Santé, qualifiant cette annonce de « premier acte pour retrouver la confiance des médecins libéraux ». Le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz, « opposé à un tiers payant obligatoire pour tout et pour tous », rappelle qu'il défend le tiers payant social « à l'appréciation du médecin ». « Nous n'avons eu de cesse de dénoncer le dispositif, casse-tête administratif et bureaucratique, faisant du médecin un contrôleur au lieu d’un soignant », souligne la centrale syndicale, pour qui cette décision « rompt avec le dogmatisme du précédent quinquennat ».
MG France « se félicite » aussi de cette annonce établissant que « le tiers payant généralisé obligatoire prévu par la loi de santé n'aura pas lieu ». Le syndicat de généralistes avait particulièrement dénoncé le caractère « impraticable » du tiers payant complémentaire et l’absence de garantie de paiement « incompatible avec les contraintes d’un exercice libéral ». « Les généralistes réalisent 74 % de leurs actes en tiers payant lorsque celui-ci est garanti et en un seul flux comme en cas d’ALD », rappelle MG France, pour qui la solution la plus simple pour faciliter l’accès financier aux soins reste « la suppression du ticket modérateur en soins primaires ».
Pas en reste, les juniors de ReAGJIR (jeunes installés et remplaçants) applaudissent la ministre ayant acté qu'« il y avait encore beaucoup de freins à la réalisation du tiers payant ». « Nous souhaitons suivre plus facilement les remboursements et ne pas avoir à appeler des centaines d’organismes sur du temps que nous n’avons pas », souligne le Dr Yannick Schmitt, vice-président.
L'esprit et la loi
Satisfaction également au Syndicat des médecins libéraux (SML) qui se réjouit du « pragmatisme de la ministre de la Santé et de sa volonté d’ouvrir le dialogue afin de remettre à plat ce dossier ». Estimant que le gouvernement a franchi une étape pour « restaurer la confiance » avec les praticiens libéraux, le syndicat du Dr Vermesch se dit également « prêt à étudier des systèmes de dispense d’avance de frais indépendants des organismes payeurs ».
Même les organisations les plus critiques expriment leur soulagement avec la perspective d'un nouveau « véhicule législatif » visant à rendre le tiers payant « généralisable » et non plus généralisé (lire page 2 notre entretien avec Agnès Buzyn). C'est le cas du Dr Jérôme Marty, président de l'UFML Syndicat, qui réclamait – tout comme la FMF – une loi rectificative. « La ministre témoigne d’une volonté de travail avec les professionnels de santé, relève le généraliste de Fronton. C’est une démarche de bon sens ! »
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