Prometteur mais peut mieux faire. Lancé à la rentrée 2018, le service sanitaire a marqué des points auprès des étudiants en santé en deux ans. Mais ce grand programme universitaire et interprofessionnel de prévention primaire et de promotion de la santé reste perfectible, évalue le Haut conseil de santé publique (HCSP).
En pratique, ce dispositif permet à quelque 50 000 étudiants en santé (médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique, kiné, soins infirmiers) de concevoir puis de conduire en groupe des missions concrètes de prévention sur l'activité physique, les addictions, la nutrition et la santé sexuelle dans les écoles, les entreprises ou encore en EHPAD. Depuis peu, les étudiants peuvent aussi réaliser des actions de dépistage dans le cadre de la prévention primaire après une formation spécifique. Cette activité est autorisée en cas de « situation sanitaire exceptionnelle » et en alternance avec d'autres missions, une garantie pour éviter les dérives comme des tests RT-PCR à la chaîne.
Dans son bilan d'étape, le HCSP se félicite de la mobilisation des parties prenantes en temps record (ARS, rectorats, Universités, Instituts de formation) mais aussi de l'appétence des jeunes qui saluent l'utilité de cette réforme pour leur future pratique (même si les étudiants en médecine et en pharmacie sont plus critiques que ceux en soins infirmiers et en odontologie).
Géométrie variable
Plusieurs points d'amélioration sont toutefois identifiés. La base de données OSCARS SSES* révèle l'hétérogénéité des durées d'engagement entre filières. Ainsi, la moitié des étudiants en sciences infirmières planchent 20 demi-journées alors que deux tiers des juniors en dentaire réalisent leur programme en moins d’une semaine.
Autre constat, la dimension pédagogique d'interprofessionnalité, objectif phare du service sanitaire, n'est pas toujours au rendez-vous. La création de plannings communs inter-étudiants relève parfois du parcours du combattant et l'éloignement de certains instituts des villes universitaires a contraint des facs à s'organiser en mono-filière. Le HCSP recommande de renforcer la démarche interpro (qui permet de combattre les stéréotypes de représentation professionnelle) et d'éviter « l'isolement pédagogique ».
Sur le fond, le HCSP suggère de muscler la formation des jeunes aux méthodes d'intervention et de communication. « Les étudiants se considèrent mal préparés à la prise de parole en public et soulignent que les formations dispensées ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités des publics et des terrains où se déroulent les actions », peut-on lire.
Enfin, l'identification des lieux des missions des étudiants a pu être fastidieuse. En 2019, 75 % des actions de prévention ont été réalisées au sein d’établissements scolaires. Le HCSP suggère d'articuler le service sanitaire avec certaines campagnes nationales de prévention existantes (semaine de la vaccination ou de la santé mentale). L'évaluation finale est attendue en septembre 2022.
*Créée à partir des questionnaires remplis par les étudiants à l'issue de leur service sanitaire
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce